L'awamori 泡盛
La signature d'Okinawa
L'awamori est l'alcool traditionnel de l'archipel d'Okinawa. Cette boisson distillée selon une méthode unique depuis le XVè siècle est profondément ancrée dans la culture de la région.
En toute convivialité
En 2017, l'association des distilleries d'awamori d’Okinawa confiait à un groupe local de musique la création d'une chanson pour promouvoir son alcool traditionnel. L'awamori souffre en effet d'un déficit de notoriété aussi bien à l'international que sur le reste du territoire nippon puisque l'archipel d'Okinawa concentre à lui seul 80% de la consommation. Phénomène tout à fait paradoxal lorsque l'on sait qu'il ne se passe pas un seul matsuri (festival) ou une simple fête entre amis dans l'ancien royaume de Ryukyu sans que l'awamori ne coule à flot ! Un esprit de convivialité que l’on retrouve dans la façon même de consommer l’awamori. Celui-ci est traditionnellement servi dans de minuscules tasses à alcool appelées chibuguwa. Ces dernières sont si petites que les convives sont obligés de se rapprocher au plus près les uns les autres pour porter un toast. L'awamori rapproche littéralement et réchauffe les cœurs !
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Produit du terroir
Produit à partir de riz fermenté puis distillé, l'awamori a une teneur en alcool variant de 30 à 60 degrés. Obtenu selon un processus unique de distillation importé au XVè siècle de Thaïlande ; pays avec lequel Okinawa entretient des liens commerciaux étroits à l'époque, l'awamori est l'un des plus anciens alcool distillé du Japon. Cette tradition thaïlandaise est également perceptible dans le choix de la matière première. Les distilleries utilisent en effet un riz indica à grain long venu de Thaïlande en lieu et place du riz japonica à grain court utilisé pour produire le saké.
La seconde particularité de l'awamori réside dans la souche de moisissure utilisée pour la fermentation ; le kuro kōji. Ce champignon noir microscopique (aspergillus niger) est spécifique à la région. Le nom awamori est formé des termes "awa" (bulles) et "mori" (beaucoup de) qui rappellent la fermentation engendrée par ce fameux kuro kôji. Matières premières et savoir-faire témoignent de l'histoire distinctive et du terroir si particulier de l'archipel tropical.
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Dans le verre ou en cuisine
L'awamori classique vieillit six mois dans un environnement souterrain qui maintient la basse température indispensable à sa conservation. La version plus luxueuse appelée koshu mature au moins trois ans. Jusqu'en 1945, les distilleries disposaient d'un awamori âgé de plus de trois ans, le kûsu. Malheureusement, la bataille d'Okinawa détruisit l'intégralité des réserves. Les plus aventureux d'entre vous pourront tester l'habushu ; une liqueur insolite et pour le moins exotique. On adjoint à l'alcool un mélange d'herbes, du miel et un serpent ! Le serpent habu est une espèce venimeuse endémique de la région.
Rassurez-vous, l'alcool dissout son venin extrêmement toxique ! Sur glace, dilué dans de l'eau froide ou chaude, en cocktail, aromatisé avec des fruits (mangue, fruits de la passion, prune) ou du café, l'awamori se consomme de façons très diverses. Il est aussi utilisé dans la cuisine locale comme un assaisonnement. Il est commun de tremper de petits piments koregusu dans l'alcool pour qu'ils délivrent leurs notes épicées. Cet awamori relevé accommode à la perfection le riz frit et les nouilles. Dans le verre ou en cuisine, découvrir l'awamori, c'est avant tout goûter à l'esprit d'Okinawa !