Nuit Blanche à Kyoto : 5 questions à Béatrice Horn
Les nuits japonaises
Béatrice Horn, responsable de la programmation artistique et culturelle de l’Institut Français du Kansai a répondu aux questions de Vivre le Japon sur la Nuit Blanche à Kyoto.
Béatrice Horn Responsable du service artistique de l'Institut français du Japon-Kansai
Japan Experience : Qu’est-ce qui différencie la Nuit Blanche à Kyoto de celle de Paris ?
Béatrice Horn : Nuit Blanche à Kyoto se différencie de l'événement parisien en ce sens qu’elle ne dure pas vraiment jusque très tard dans la nuit, excepté dans certains lieux nocturnes, et pour des raisons de transport essentiellement. L’utilisation de l’espace public reste encore timide, contrairement à Paris où bon nombre d’évènements ont lieu dehors, pour en faciliter aussi la visibilité par un large public.
La genèse de NBK est liée au Consul de l’époque, Philippe Janvier qui, en 2010, s’est concerté avec l’actuel Maire de Kyoto, Daisaku Kadokawa, pour relancer culturellement le Pacte d’Amitié existant entre les deux villes depuis 1958. Si la démonstration de ce partenariat s’est faite sur le plan culturel, c’est parce que Kyoto étant déjà une ville patrimoniale, elle pouvait faire une large place à la culture contemporaine au Japon. NBK a réellement pris son envol depuis 2014, grâce aux collaborations franco-japonaises et suivant une thématique différente chaque année comme la mode, le design, etc.
JE : Quel a été le thème de Nuit Blanche à Kyoto en 2017 ?
B.H : 4 parcours dans la ville, englobant 32 lieux, présentaient cette année la thématique du "Paysage, ville en mouvement", pour permettre de découvrir Kyoto autrement.
L’idée n’est absolument pas d'imposer un style artistique particulier afin de laisser plus de liberté aux artistes. Le projet se construit dans son ensemble avec la majeure partie des lieux et le service des relations internationales de la ville.
Nouveauté cette année, la médiation culturelle avec principalement trois universités de la ville : Seika, Kyoto University of Art and Design et Women’s University, mobilisant une vingtaine d'étudiants, pour sensibiliser le public au travail des artistes lors de la NBK. Ce projet vise à former des jeunes gens pour élargir le réseau existant entre les artistes, les lieux culturels, les professeurs et étudiants en art. Dans ces conditions, NBK a été l’occasion pour les étudiants de s’investir davantage dans la discipline qu’ils étudient en connexion avec l’art contemporain.
Le thème de l'année 2018 sera consacré aux 5 sens, une façon de programmer plus largement encore, en faisant entrer par exemple l’art culinaire dans la manifestation.
JE : Est-ce que Nuit Blanche peut faire des émules dans d’autres villes au Japon ?
B.H : Depuis sa création, Nuit Blanche est soutenu par l’Institut Français du Japon, la ville de Kyoto, la ville de Paris et l’Ambassade de France au Japon.
JE : Est-ce que le rapport des Japonais avec la culture évolue ?
B.H : Mon projet depuis mon arrivée il y a un an, est de favoriser les conditions d’échange entre les japonais et les français, à l’Institut mais aussi dans d’autres circonstances. C’est ainsi que la proposition de Rafaële Brillaud, journaliste indépendante a pu voir le jour et nous avons créé ensemble le "Petit Bistrot de l’info".
Les étudiants qui suivent les cours à l’institut mais aussi un public plus large, informés par la brochure trimestrielle, la Lettre d’information de l’Institut, les réseaux sociaux et le site internet, ont déjà pu y participer depuis le mois d’octobre dernier. Il s’agit d'un moment privilégié dévolu à la discussion sur des sujets d'actualité. L’objectif de cette activité culturelle mensuelle réside dans l’échange d’idées dans un climat de convivialité autour d’un verre de champagne, grâce au soutien de Mumm !
JE : Est-ce que NBK est un événement qui a été adopté par les Kyotoïtes ?
B.H : Les habitants de Kyoto connaissent la formule maintenant ! Autre activité importante de l’Institut, l'Académie de Musique Française de Kyoto, fondée il y a 28 ans par l'ancien directeur Michel Wasserman et la violoniste Yuko Mori. À cet effet, l'Institut ferme 15 jours pendant la seconde période de mars pour se transformer en mini-conservatoire où la musique classique y est enseignée par de grands virtuoses français à plus d’une centaine d’étudiants japonais. L'ouverture des cours publics durant le week-end permet une vraie rencontre entre les deux cultures et nous y attendons encore plus de monde en cette année 2018, qui verra célébrer 60 ans d’amitié entre Paris et Kyoto, ainsi que 160 ans de relations diplomatiques entre le Japon et la France !