Visiter Tokyo dans les pas de Hiroshige (1797-1858)
Sur les chemins d'Edo
Hiroshige, en tant qu’Edokko(enfant d’Edo), aimait beaucoup sa ville natale. Sa série d’estampes, les Centvues célèbres d’Edo (1856-1858), est un hommage à la beauté, à l’histoire et àla personnalité de la capitale nippone. Partez sur la trace des vues célèbres toujoursprésentes dans Tokyo !
Les vues célèbres
Les meisho-e, estampesukiyo-e représentant des sites célèbres, réaliséespar Hiroshige et Hokusai s’inscrivent dans une longue tradition de littératurede voyage très populaire à Edo depuis la fin du XVIIIe siècle ;les meisho-zue "livresillustrés de vues célèbres". Cesrecueils illustrés sont utilisés comme de véritables guides de voyage modernespar les résidents et les personnes de passage dans la capitale. Qu’elles représentent des vues célèbres (meisho), des boutiques célèbres (meiten) ou des produits célèbres (meibutsu), les estampes, en partie inspirées de ces livres, sont très appréciées par la nouvelle classebourgeoise de l’époque d’Edo, avide de divertissements et de voyage.
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L’enfantd’Edo
Originaire de la capitale, Utagawa Hiroshige (1797-1858) suit au départ lestraces de son père en reprenant la charge héréditaire de pompier d’Edo. Enparallèle, il débute en 1809 sa formation artistique dans l’atelier d’UtagawaToyohiro (1773-1828). S’il s’essaie au départ dans une multitude de genres ycompris des bijin-ga (images debelles femmes), musha-e (estampes desamouraï ou sujets militaires) et yakusha-e(illustrations d'acteurs), il connait véritablement le succès grâce à sespaysages. Il réalise des séries d’estampes de vues célèbres du Japon à partirdes années 1830. Sa série des Cinquante-trois relais du Tôkaidô (1833-1834) lui confère la renommée. Viennent ensuite lesSoixante-neufrelais du Kisokaidô (1839), les Vues des sites célèbres des soixante et quelques provinces duJapon (1853-1856) et les Cent vues célèbres d’Edo (Meisho Edo Hyakkei) entre 1856-1858 ; un ensemble de 119 planches à la gloire de saville natale, Edo.
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Les incontournables
Bâti en 1603, le pont Nihonbashi, littéralement le pont du Japon, est la première estampe de la série d’Hiroshige. Point de départ des routes du Tôkaidô et du Kisokaidô (ou Nakasendô) en plein cœur d’Edo, il constitue l’un des points névralgiques de la capitale à proximité immédiate de nombreux commerces et voit passer chaque jours marchands, cortèges officiels ou simples habitants. Initialement en bois, le pont est reconstruit en pierre et en acier en 1911 puis se retrouve partiellement dissimulé par une imposante voie rapide dans les années 60.
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Vous pouvez toutefois admirer une réplique du pont originel au musée Edo-Tokyo. Un autre site incontournable de la capitale que vous pouvez toujours visiter à Tokyo : le temple Senso-ji à Asakusa. Dans la 99ème estampe de sa série, Hiroshige adopte une composition originale ; plaçant la grande lanterne rouge de la Kaminari-mon (porte du tonnerre) au premier plan. Le bâtiment principal du temple est complètement dissimulé par la porte Hôzômon (porte de la salle aux trésors) et la pagode à l'arrière-plan.
À pas feutrés
Hiroshige ne dépeint pas uniquement les endroits les plus connus d’Edo. Il nous entraîne vers des lieux plus discrets de la capitale ; l’occasion d’avancer à pas feutrés dans l’Edo de Hiroshige. Il dépeint l’Atago-jinja, temple fondé en 1603 et culminant à 26 mètres au-dessus du niveau de la mer dans la 21ème estampe. Situé au sommet d’une colline, il est un lieu de refuge pour la population en cas d’incendie ou autre catastrophe.
Si l’estampe représentant le Kameido Tenjin et son pont-tambour est l’une des plus connues de la série et fut particulièrement appréciée par les artistes impressionnistes en Europe, il faut bien avouer que ce temple est oublié par bon nombre de touristes. N’hésitez pas à vous rendre sur place entre fin avril et début mai pour y admirer la floraison des glycines.
Cette série, produite à partir de 1856, constitue son ultime succès ; Hiroshige mourant du choléra en 1858. Il laisse un dernier poème sur sa tombe qu’il dédie à sa ville bien-aimée : "Derrière moi, à Edo, je laisse mon pinceau. En route pour un nouveau voyage ! Laissez-moi admirer au pays du Soleil couchant, d’autres fameux paysages."