Chiyoda 千代田区
Boule à facettes
De l’immensité du Palais Impérial à l’austérité des bâtiments ministériels, des foules grouillantes de la gare de Tokyo à la population étudiante de Kanda, des chineurs de Jinbocho aux otaku d’Akihabara, Chiyoda, centre de la capitale, est un arrondissement présentant multiples facettes.
Le palais impérial
"[Tokyo] présente ce paradoxe précieux : elle possède bien un centre, mais ce centre est vide.", c'est ainsi que Roland Barthes décrit la capitale japonaise et tout particulière le quartier de Chiyoda dans l'Empire des Signes. Le célèbre sémiologue français évoquait ainsi le Palais Impérial de Tokyo, le Kōkyo, situé au "centre" de Tokyo mais inaccessible au commun des mortels et dont on doit contourner les 3,41 km2.
Élément phare de l'arrondissement de Chiyoda, le Palais Impérial fut construit en 1888 à l'emplacement d'un château de l'époque d'Edo détruit par un incendie en 1873. Il ne reste de l’ancien château que quelques vestiges de remparts et les douves, qui isolent le palais du reste de la ville et oblige les automobilistes et les piétons à le contourner. C’est le "centre vide" de Barthes.
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Le Palais, encore habité par l’empereur et sa famille, n’est ouvert au public que le jour anniversaire de l’empereur et au premier de l’an. Une partie des jardins, le jardin de l’Est et le parc Kitanomaru, sont accessibles au public sauf les lundis et vendredis.
Chidorigafuchi, chemin de promenade qui longe la douve nord-ouest du Palais impérial, est, lui, très célèbre, et donc très fréquenté, pour ses cerisiers en fleur.
L’arrondissement de Chiyoda
Chiyoda-ku, qui s'étend sur 12km2, est également le centre politique du Japon. Y sont concentrés les bâtiments de la Diète, de la cour suprême ou encore la résidence du Premier Ministre japonais, ainsi que de nombreux ministères et bâtiments administratifs situés dans le quartier de Kasumigaseki.
On y trouve aussi le très controversé sanctuaire shinto Yasukuni-jinja. Construit en 1869 pour rendre hommage aux Japonais "ayant donné leur vie au nom de l'empereur du Japon", le sanctuaire honore les âmes de soldats japonais ordinaires mais aussi celles de criminels de guerre. Le sanctuaire est également célèbre pour ses cerisiers en fleurs.
Tous les chemins mènent à la gare de Tokyo
L’arrondissement de Chiyoda englobe également des quartiers plus vivants tels que celui de Marunouchi, qui accueille de nombreux sièges sociaux d’entreprise et la magnifique gare de Tokyo. Récemment rénovée, elle a fêté ses 100 ans fin 2014.
Barthes, encore, la décrit ainsi : "La garejaponaise est traversée de mille trajets fonctionnels, du voyage à l’achat, du vêtement à la nourriture : un train peut déboucher dans un rayon de chaussures. Vouée au commerce, au passage, au départ et cependant tenue dans un bâtiment unique".
Eh bien oui, la gare de Tokyo correspond parfaitement à cette description. Avec ses dix plateformes et les quelque 4 000 trains quotidiens qui la traversent, ses galeries commerçantes souterraines, ses restaurants et même un grand hôtel, la gare de Tokyo est presque une ville dans la ville.
Au bonheur des chineurs et des otaku
Les quartiers de Jinbocho et Kanda font également partie de Chiyoda. Ils sont surnommés Book Town car ils rassemblent à eux deux un nombre impressionnant de librairies et de bouquinistes. On y trouve également des boutiques d’estampes japonaises et des antiquaires. Bref, ils sont un vrai paradis pour les chineurs.
Kanda est depuis fort longtemps un quartieruniversitaire où il fait bon flâner. En mai, y a lieu le Kanda matsuri, l’un des trois plus grands festivals traditionnels de Tokyo.
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Enfin, aux antipodes de l’imposant domaine impérial et de sa quiétude, le quartier d’Akihabara. Ses néons, ses annonces sonores, ses vendeurs de produits électroniques racolant les clients avec des haut-parleurs, ses maid cafe, ses magasins de mangas et de figurines, en font l’un des quartiers les plus bruyants et des plus grouillants (de touristes et d'otaku) de la capitale.