Les cartes de vœux au Japon 年賀状
L'art et la manière de souhaiter la bonne année
Souhaiter les vœux au Japon est une longue tradition, encore très respectée. Près de deux milliards de cartes de vœux (nengajô) sont échangées via la posteet livrées toutes ensemble le matin du 1erjanvier !
Les vœux au Japon sont une institution, l'un des rites essentiels du Nouvel An japonais. Les souhaiter, sous forme de carte notamment, est une obligation. On adresse ses félicitations pour la nouvelle année bien sûr : "Shinnen akemashite omedetô gozaimasu" (l'équivalent de notre "Bonne année !"), mais aussi des remerciements pour l'attention que l'on a reçue durant l'année écoulée : "Sakunen wa taihen osewa ni narimashita". Sans oublier de solliciter la bienveillance pour l'année qui vient : "Kotoshi mo yoroshiku onegai itashimasu" et de prier pour la bonne santé de la famille.
La liste des destinataires
La tradition s'applique notamment dans le monde de l’entreprise. Vos supérieurs et collègues se doivent de vous adresser leurs vœux, et vice-versa. Naturellement, famille et amis font partie des destinataires, tout comme vos (anciens) professeurs d’école et toutes celles et ceux qui vous ont rendu service ou ont joué un rôle dans votre vie durant l'année.
Des vœux par milliards
Chaque personne envoie et reçoit donc un paquet de cartes chaque 1er janvier, environ une trentaine en moyenne pour chacun. Certaines célébrités en envoient même plusieurs centaines. Selon la poste japonaise, pour qui le Nouvel An est un moment crucial, plus de 3,2 milliards de cartes ont été vendues en 2016 et plus de 1,7 milliard de cartes de vœux ont été distribuées au 1er janvier dans les boîtes aux lettres !
Le numérique prend le dessus
Des chiffres ahurissants qui prouvent le poids des traditions et des habitudes au Japon. Et encore, ces chiffres sont en baisse : le pic eut lieu en 2003, où plus de 4,4 milliards de cartes de vœux avaient été vendues par la poste. La cause de cette diminution : le numérique, qui prend le pas sur le papier. L’envoi d’e-mails et de SMS est ainsi en constante augmentation.
Une longue tradition
La tradition des vœux au Japon remonte à l’époque de Nara (710-794), où l'on avait coutume de s'échanger remerciements et félicitations lors de visites de courtoisie au Nouvel An. A l’époque Heian (794-1192), l’usage de la lettre se développe pourtoucher les personnes éloignées. Après la restauration Meiji (1868) fut créé un service postal inspiré du système occidental, avec les premières cartes postales pré-timbrées. L’échangede cartes de vœux pour le Nouvel An s’établit avec le cachet d’oblitérationdaté du 1er janvier. Le succès fut immense.
La loterie des vœux
En 1949, la poste japonaise eut l’idée d'ajouter à ses cartes de vœuxpré-timbrées un jeu de loto. Sur chaque carte est inscrit un numéro. Un grandtirage a lieu à la mi-janvier. Un premier prix équivalent à 1 000 euros est àgagner, ainsi que des spécialités régionales.
Respecter la forme
La carte de vœux japonaise se doit de respecter quelques règles. Au recto figure l’adresse du destinataire. Au verso, le message avec le signe du zodiaque de l’année. 2017 est l'année du coq, symbole de réussite dans le commerce. La forme et le contenu du message évoluent avec le temps et les modes. Certainesfamilles, surtout avec les enfants, font preuve d’originalité et fabriquent destampons eux-mêmes, calligraphient à la main ou utilisent la gravure sur bois.
Événements
Depuis les années 2000, les cartes de vœux sont réalisées à l’ordinateur avec des photos imprimées montrant la famille et les enfants. Les vœux sont aussi l’occasion d’annoncerun événement marquant de l’année passée (mariage, naissance, déménagement, …). Et si un décès est survenu dans la famille l’annéeprécédente, celle-ci enverra une carte de deuil (mochû) en novembre-décembre pourinformer de ce triste événement et éviter à tout le monde de commettre un impairen envoyant ses vœux.