Comment se déroule un mariage traditionnel 神前結婚
Mariage à la japonaise
Pas de "tralala" à la mairie, mais une cérémonie très ritualisée dans un sanctuaire shinto puis un grand et couteux banquet : voilà en quoi consiste un mariage japonais traditionnel.
Au Japon, pas besoin de passer devant Monsieur le maire pour se marier. Il suffit de remplir un document (kon-in-todoke) avec le nom de la femme et de l’homme désirant se marier (le mariage homosexuel n'étant pas encore reconnu) et certaines informations, que chacun y appose son sceau (hanko), et de le faire enregistrer auprès de l’État civil de la mairie du futur domicile des époux. Il est même possible qu’un seul des futurs conjoints se rende à la mairie avec le document dûment rempli et le fasse enregistrer pour que le mariage soit reconnu.
Voir : Hanko, le sceau japonais
Une tradition récente
C’est au sanctuaire shinto qu’a lieu la cérémonie nuptiale, une fois le mariage enregistré à la mairie. Cérémonie traditionnelle, certes, mais pas si ancienne qu’on pourrait le penser. Autrefois, les mariages se déroulaient dans la maison du marié et sans rituels religieux. Ce n’est qu’à l’ère Meiji (1868-1912), quand le shintoïsme devient religion d’Etat et s'immisce dans la vie civile que l’on fait appel aux prêtres shinto pour consacrer l’union. Et c’est à partir de 1900, pour suivre l’exemple du Prince Haru (futur Empereur Taisho), que la cérémonie shinto a été normalisée.
Se marier devant un prêtre shinto n’a rien d’obligatoire et de nos jours, de nombreux couples choisissent de se marier "à l’occidentale" dans une vraie église pour ceux de confession catholique (peu nombreux) ou une fausse chapelle pour ceux qui veulent simplement faire un "mariage comme en Occident".
Les mariés
S’ils choisissent une cérémonie shinto, les mariés revêtiront le costume traditionnel. Pour les hommes, il s’agit d’un hakama (sorte de longue jupe culotte) et d’un montsuki, un genre de longue veste ornée des armoiries familiales, dans des tons sombres (noir, bleu foncé ou gris).
Les femmes, elles, vont passer un temps considérable à se faire maquiller, coiffer et habiller. La tenue traditionnelle de la mariée est appelée shiromuku. Elle est constituée d’un kimono de mariage (kakeshita) blanc à manches longues et d’un sur-kimono (uchikake), sorte de long manteau blanc ou coloré (souvent rouge) orné de motifs brodés au fil d'or. L’obi (ceinture) est offert par la mère de la mariée.
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Sa coiffure est imposante et pèse un poids considérable. Un chignon piqué d’accessoires (c’est souvent une perruque) est recouvert d’une coiffe ressemblant à un grand bandeau blanc (watabôshi) qui peut être à son tour surmontée d’une sorte de capuche blanche tsuno-kakushi (dont le nom signifie "cacher les cornes de la jalousie"). Elle tient dans ses mains un éventail doré et argenté et une pochette (hakoseko) contenant un peigne et un miroir.
Le visage de la mariée est poudré de blanc et ses lèvres peintes en rouge vif. Le blanc et le rouge symbolisent la pureté et la fidélité dans la religion shinto.
Shinzen kekkon : "mariage devant les divinités"
La cérémonie au sanctuaire shinto est conduite par un prêtre assisté de deux miko (jeunes femmes qui aident au sanctuaire) en présence d’un nombre d’invités restreint. En général, seuls la famille et les amis proches des mariés sont conviés. Les mariés, précédés par le prêtre, abrités sous une grande ombrelle rouge portée par une miko et suivis de leur famille, entrent au sanctuaire où ils s’assoient au plus près de la divinité, la mariée est assise à gauche et le marié à droite. Ont lieu ensuite un nombre de rituels symboliques ayant pour but de "purifier" les époux. Ces derniers devront ainsi partager trois fois de suite une coupelle remplie de saké "purifié" tout en inclinant profondément la tête. Il s’agit de la coutume du "San San Ku Do" (3 x 3, 9), rituel équivalant à un serment de mariage. Les chiffres impairs 3, 5, 7 et 9 sont considérés comme porte-bonheur au Japon.
Le marié ou parfois les deux époux lisent ensuite leurs vœux de mariage (seishi sojou). Les époux échangent ensuite les alliances (coutume importée de l’Occident). Puis une danse rituelle est effectuée par les miko en offrande aux kami (Dieux). Des branches de sakaki (arbre sacré dans le shintoïsme) sont ensuite données aux mariés qui devront les agiter selon un rituel codifié.
Finalement, l'engagement mutuel entre les familles des mariés est proclamé par le partage du saké sacré (naorae) avec les invités. Après un dernier salut dédié aux divinités, les mariés quittent le sanctuaire de la même manière qu'ils y étaient entrés.
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Le banquet de noce
Après la cérémonie au sanctuaire, dans l’après-midi ou la soirée, un grand banquet appelé kekkon hiroen a lieu au restaurant, dans une salle d’hôtel ou encore dans un établissement spécialisé.
Cette fois, le nombre d'invités est considérable. Famille, amis, collègues et parfois voisins, toutes les personnes proches des mariés et de leurs parents sont conviées. Ici encore, la cérémonie est très codifiée, rien n’est laissé au hasard.
Les invités sont accueillis par les familles des mariés et remettent une enveloppe à leur arrivée contenant un nombre de billets impair (généralement 30 000 yens pour une personne venant seule, soit 240 euros, et 50 000 yens pour un couple, soit 400 euros), les nombres pairs étant considérés comme portant malheur puisque qu'ils se divisent. Cette somme d’argent remplace le cadeau de mariage et sert à couvrir une partie des frais de la noce. Elle est remise dans une enveloppe spéciale, nommée shûgi-bukuro, entourée de cordelettes de papier or et argent qu’il est impossible de dénouer, symbolisant des liens éternels.
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Une fois tous les invités arrivés, les mariés font leur entrée dans la salle en grande pompe et en musique.
Traditionnellement, la mariée change de tenue deux ou trois fois au cours de la réception. Cette pratique s'appelle oironaoshi. En général, elle revêt d’abord un uchikake (long sur-kimono), puis un deuxième kimono de couleur à manches longues (furisode) et de nos jours, de nombreuses Japonaises choisissent aussi une robe de mariée de style occidental. Depuis une époque relativement récente, il arrive que le marié change lui aussi de tenue.
La table principale est réservée aux mariés tandis que les invités sont placés à d’autres tables, plus ou moins près de ces derniers, selon leur importance. Les membres de la famille sont assis aux tables les plus éloignés des mariés. La réception dure environ 2 heures et demi. Le repas de noce est ponctué par les discours et les toasts portés aux mariés par différents invités. Il y également souvent un spectacle : concert, danse, tours de magie ou encore jeux. À la fin de la réception, les mariés saluent leurs convives et les remercient de leur présence en leur offrant des cadeaux appelés hikidemono.
Vous l’aurez deviné, le mariage traditionnel japonais est extrêmement coûteux, entre 10 000 et 30 000 euros et représente un immense marché.