1er janvier : fêter le Nouvel An au Japon
Rites et traditions du Jour de l'an
Entre rassemblement familial, rituels ancestraux et cuisine de fête, le 1er janvier est sans doute le jour le plus important de l'année au Japon.
Le Jour de l'an au Japon (ganjitsu, en japonais) est un jour fériéau Japon depuis 1948. Certaines entreprises et administrations sont même fermées plusieurs jours d'affilée, du 29 décembre au 3 janvier, pour que chacun puisse célébrer ce grand moment. C’est une fête familiale pour accueillir le Toshigami, ladivinité shintoïste de la nouvelle année qui apporte sa bénédiction dans toutes lesmaisons. Toshigami représente à la fois les ancêtres tutélaires de la familleet la divinité de la bonne récolte, depuis le VIe siècle.
Grand nettoyage : le O-sôji
La préparation du Nouvel An commence dès le 13 décembre avec le O-sôji, qui signifie littéralement "grand nettoyage". Cette tradition remonte à l'époque du shogunat Tokugawa (1603-1868), où le château d'Edo était soigneusement nettoyé pour marquer l'approche de la nouvelle année. Aujourd'hui, cette coutume persiste dans les foyers japonais. Toute la famille participe au nettoyage minutieux de la maison, à l'intérieur comme à l'extérieur. L'objectif est de purifier l'habitation des impuretés de l'année écoulée et d'accueillir l'année à venir avec un esprit et un environnement renouvelés.
Comparable au grand nettoyage de printemps en France, cette pratique symbolise un renouveau spirituel. Les espaces sacrés, tels que le kamidana (autel shinto) ou le butsudan (autel bouddhiste), reçoivent une attention particulière. Cela reflète l'importance accordée à la préparation spirituelle pour recevoir les bénédictions de la nouvelle année.
Offrandes et décorations : les symboles de prospérité
Une fois la maison nettoyée, les décorations prennent place. À l’entrée, on installe des kadomatsu, des ornements composés de branches de pin (symbole de longévité), de bambou (symbole de force) et de paille. Ces éléments sont placés par paires, de part et d'autre de la porte, pour guider Toshigami, la divinité de la nouvelle année, vers la maison.
À l’intérieur, on prépare les kagamimochi, une offrande clé pour Toshigami. Ces deux gâteaux de riz gluant empilés l’un sur l’autre, surmontés d’une orange amère (daidai), représentent respectivement la continuité entre le passé et l’avenir, et la prospérité. Les kagamimochi sont traditionnellement disposés dans le tokonoma, une alcôve dédiée aux objets décoratifs et spirituels.
Le repas du réveillon : entre tradition et longévité
Le 31 décembre, les Japonais se rassemblent en famille pour préparer l’osechi ryôri, un repas de fête dégusté le 1er janvier. Ce repas est présenté dans des boîtes laquées appelées jûbako, et chaque mets possède une signification symbolique : des haricots noirs (kuromame) pour la santé, des crevettes pour la longévité, ou encore des œufs de poisson (kazunoko) pour la fertilité.
Le soir du 31, on savoure également les toshikoshi soba, des nouilles de sarrasin consommées pour assurer une vie longue et sans entrave. Leur forme allongée symbolise la continuité et la résilience. Cette tradition culinaire est un moment de recueillement familial avant l'arrivée de la nouvelle année.
Le premier lever de soleil : Hatsuhinode
Après que les 108 coups de cloche ont retenti à minuit dans les temples bouddhistes, symbolisant l’élimination des 108 désirs terrestres, les Japonais se préparent pour Hatsuhinode. Cette coutume, issue des cérémonies impériales, consiste à admirer le premier lever de soleil de l’année. C’est un moment empreint de spiritualité où les souhaits pour une année prospère et harmonieuse sont formulés.
À la maison, après avoir accueilli Toshigami, la famille partage le premier repas de l'année, composé de osechi ryôri et de zôni, une soupe chaude contenant du mochi. Ce repas est accompagné de Toso, un saké épicé qui apporte santé et bonne fortune.
Les habits de fête et les traditions familiales
Le 1er janvier est un jour spécial où de nombreuses familles revêtent des kimonos. Même si cette tradition s'est légèrement estompée, elle demeure un symbole d'élégance et de respect pour l'occasion.
Les enfants attendent également avec impatience le otoshidama, des étrennes offertes dans des pochettes décorées. Pour eux, cette journée a des airs de Noël occidental. Une autre tradition essentielle est celle des nengajô, les cartes de vœux japonaises envoyées à la famille, aux amis et aux collègues pour exprimer des souhaits de bonheur et de santé.
Hatsumôde : la première visite au temple
L’une des traditions les plus importantes du Nouvel An est le hatsumôde, la première visite à un temple bouddhiste ou sanctuaire shintô. Entre le 1er et le 3 janvier, des millions de Japonais se rassemblent pour prier pour la santé, la prospérité et la sécurité.
Les grands temples comme le Meiji-jingû à Tokyo ou le Sensô-ji à Asakusa attirent des foules immenses. Les fidèles jettent leurs pièces dans des boîtes de collecte, tirent des omikuji (oracles) pour découvrir leur fortune, et achètent des amulettes pour la nouvelle année.
Une année de deuil : quand la fête est mise en pause...
Si une famille a perdu un proche au cours de l’année écoulée, les festivités sont suspendues. Le Nouvel An devient alors un moment de recueillement et de respect envers le défunt. Cette sobriété marque un contraste saisissant avec l’effervescence habituelle de la période.
Quelques mots à retenir :
- Jusqu’au 31 décembre : "Yoi otoshi o" : "bonne année !"
- Et à partir du 1er janvier : "Akemashite omedetô" : "félicitations pour cette nouvelle année !"