L'artisanat du Tohoku
Les traditions ancestrales japonaises passent aussi par l'artisanat
Le Tohoku est la région du Japon la plus rurale. Située au nord de l'île principale de l'archipel japonais, Honshu, elle a une propre identité culturelle et des traditions passées de génération en génération depuis des centaines d'années. Parmi ces traditions ancrées dans la vie et l'histoire du Tohoku, découvrez avec nous l'artisanat japonais propre à cette région.
La région de Tohoku est une vaste région qui comprend six préfectures: Aomori, Akita, Fukushima, Iwate, Miyagi et Yamagata. Un voyage dans cette partie peu visitée du pays offre la chance de voir des artisans exceptionnels à l’œuvre, et de trouver un souvenir unique à rapporter du "grand nord" japonais. Leurs œuvres remarquables reflètent l’histoire et le mode de vie de la région.
Les compétences et connaissances de l'artisanat traditionnel sont transmises de génération en génération et les artisans d'aujourd'hui ont reçu leurs savoirs des maîtres d'antan. De nombreux artisans du Tohoku ouvrent leurs ateliers au public, ce qui facilite la découverte de l'artisanat local. Il est courant de ne pas devoir prendre rendez-vous mais n'oubliez pas d'appeler à l'avance (ou de demander à votre hôtel d'appeler) pour confirmer les heures d'ouverture avant de vous y rendre.
Les poupées Kokeshi
Les célèbres poupées Kokeshi sont originaires de la préfecture de Miyagi. Elles étaient fabriquées à la fin de l'époque d'Edo (1603-1868) en tant que jouets pour les enfants dans les stations thermales. Le Tohoku disposant de nombreuses sources chaudes naturelles et de Onsen, ces petites poupées se sont rapidement répandue dans toute la région.
Ces poupées en bois sans bras ni jambes ont une tête ronde élargie et sont généralement peintes en rouge, noir et jaune. Ne vous fiez pas à leur aspect simpliste car il existe 11 différentes sortes de poupées kokeshi dans la région de Tohoku, dont près de la moitié sont originaire de la préfecture de Miyagi.
Pour découvrir ces poupées traditionnelles, rendez-vous dans une des stations thermales de la région comme au Naruko Onsen, qui est également doté d'un musée dédié aux kokeshi. Il se trouve à environ 45 minutes de la gare de Furukawa, reliée au Tohoku Shinkansen. Petit plus, vous pouvez aller jusqu'au Naruko Onsen en utilisant le Japan Rail Pass !
Outre Naruko Onsen à Miyagi, d'autres régions du Tohoku sont bien connues pour leur artisanat de poupées kokeshi, dont beaucoup présentent des motifs distincts propres à leur région d'origine.
Tsuchiyu Onsen, à Fukushima, est réputé pour ses poupées kokeshi aux motifs rayés colorés. Celles d'Aomori se distinguent souvent par des motifs floraux et d'autres inspirés de la nature. Si possible, prenez le temps d'entrer dans les boutiques spécialisées en kokeshi pour voir les œuvres des différents artisans, chacune de leurs poupées et l'intérieur de leurs boutiques regorgeant d'histoires au fil des ans.
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Les broderies Tsugaru Kogin-zashi
Une des spécialités de la préfecture d'Aomori, le point de plus au nord de la région du Tohoku, est une broderie traditionnelle provenant de la région de Tsugaru. La principale caractéristique du Kogin-zashi est qu'elle est constituée de motifs géométriques appelés "modoko", lui donnant un aspect moderne et contemporain.
L’histoire de Tsugaru Kogin-zashi remonte à plus de 300 ans. Il s’agissait d’une technique de couture servant à réparer les vêtements des paysans de la région.
La situation septentrionale d'Aomori (juste au-dessous de Hokkaido) lui vaut des hivers froids et enneigés. Pendant l'époque d'Edo, les fermiers y portaient des vêtements en chanvre, un tissu pas assez chaud et non adapté aux hivers rigoureux de Tsugaru. Des broderies étaient alors incorporées dans les vêtements via la technique de kogin-zashi pour leur ajouter une couche supplémentaire.
Cette technique a été largement développée à Hirosaki, dans la préfecture d'Aomori, et c'est là que se trouve l'Institut Kogin. Cet établissement présente l'histoire de l'artisanat traditionnel et fait également office d'usine pour la production de ce type d'articles. Les visiteurs peuvent y acheter des articles brodés en kogin-zashi tels que des couvertures de livres, des sous-verres, des sacs à main et même des porte-cartes de visite. C'est un excellent souvenir à ramener chez soi et un moyen de soutenir les artisans qui maintiennent cet artisanat traditionnel.
La ferronerie Nanbu Tekki
Des ustensiles en fer de haute qualité sont fabriqués dans la préfecture d’Iwate, et plus particulièrement dans la ville de Morioka, depuis les années 1600 sous le nom de Manbu Tekki. La région était alors sous l'emprise du clan Nambu et le nom est restée jusqu'à nos jours.
Les ateliers de ferronneries de la région sont réputées pour leurs ustensiles de cuisine et autres objets ménagers du quotidien mais aussi et surtout pour les théières en fer, populaires dans le monde entier et objet phare de cet art.
Ces théières sont fondues et laquées avec soin et ce qui en fait la particularité est que leurs intérieurs sont brûlés au feu de charbon de bois pendant environ une heure afin de prévenir la rouille et leur assurer une longue durée de vie.
Chaque artisan étant libre de créer le motif qui leur convient le mieux à l'extérieur des théières, vous en trouverez de différents types selon l'atelier qui les a créés.
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Ces pots en fer Nambu Tekki sont souvent utilisés lors des cérémonies traditionnelles du thé et dans les maisons de thé traditionnelles du Japon.
La préfecture d'Iwate se distingue par l'abondance de gisements et de ressources naturelles en fer qui ont permis à l'artisanat de proliférer et qui, à ce jour, sont très recherchés par les collectionneurs et les adeptes de l'artisanat traditionnel japonais. Les pots eux-mêmes sont créés grâce à un processus en plusieurs étapes qui comprend le moulage, la finition et le polissage. Le résultat final est un pot solide, utilitaire et résistant à la rouille, aussi beau à regarder qu'il est fiable à utiliser.
Les bougies Aizu Erôsoku
Ces bougies sont fabriquées, colorées et peintes à la main. Elles sont apparues dans la ville d'Aizu de la préfecture de Fukushima et leur origine remontent à plus de 500 ans.
Ces bougies sont minutieusement conçues une à une par un artisan. Pour les créer, les mèches sont roulées à la main et trempées dans de la cire des dizaines de fois, ce qui leur confère de délicats "anneaux de croissance", semblables à ceux que l’on trouve dans les arbres. Elles sont ensuite peintes à la main et décorées majoritairement de motifs floraux, comme les fleurs de prunier et les pivoines. Ces bougies artisanales sont souvent utilisées comme décoration lors des mariages traditionnels ou dans les temples bouddhistes.
La beauté de ces bougies peut être pleinement appréciée lors du festival d'Aizu Erosoku qui se déroule sur le site du château de Tsuragajo. Les alentours du château et le parc du château sont ornés d'un grand nombre de ces bougies qui illuminent la nuit pendant l'hiver. Elles sont souvent placées directement sur la neige, ce qui crée un magnifique mélange de lumière incandescente juxtaposée à un blanc immaculé. Ces bougies sont visibles à plusieurs endroits de la préfecture, notamment à Higashiyama Onsen et à Nanukamachi dori, près du temple d'Amidaji.
À Aizuwakamatsu également, les visiteurs peuvent s'essayer à la création de ces bougies à la boutique Ozawa Candle Shop.
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La laque de Kawatsura
Les objets en laque ont une longue histoire au Japon et sont encore aujourd'hui un élément essentiel de l'histoire artisanale du pays, avec un ensemble de collectionneurs et de restaurants haut de gamme qui servent leur propre art culinaire dans des assiettes et des plateaux en laque de haute qualité fabriqués au Japon.
Cette technique a été introduite pour la première fois dans la ville de Yuzawa, dans préfecture d’Akita. Avec près de 800 ans d’histoire, la laque de Kawatsura est très réputée pour sa durabilité ainsi que ses motifs ornés et vibrants.
La partie essentielle de cette technique est la sous-couche, constituée d'un mélange de jus de kaki et de poudre de charbon de bois, appliquée et polie une fois séchée.
Cette procédure de sous-revêtement est répétée 5 à 6 fois, jusqu'à ce que le bois soit très lisse et résistant, créant ainsi une coloration vibrante et profonde. Souvent, une étape supplémentaire, appelée chinkin, consiste à ajouter des feuilles et des paillettes d'or au motif pour le rehausser encore davantage.
Comme pour beaucoup d'autres artisanats japonais, il existe un concept de patine qui résulte de l'utilisation continue au fil des ans et qui crée un sens unique du caractère pour chaque pièce. Pour la laque Kawatsura, ce principe est particulièrement remarquable, car les pièces anciennes ont leur part d'usure qui ajoute à l'esthétique plus qu'elle ne l'enlève.
Ces articles en laque de haute qualité sont conçus pour être utilisés dans notre vie quotidienne : bols, plateaux, assiettes, tasses, boîtes à bento, etc.
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