Kamakura : une ville zen japonaise
Visite de Kamakura : entre samouraïs et bouddhisme zen
Kamakura est souvent surnommée "la ville des samouraïs"car l’ancienne capitale politique du Japon fut établie puis contrôlée par des seigneurs de guerre pendant près de trois siècles. Mais Kamakura a aussi accueilli très tôt le bouddhisme zen Rinzai et a favorisé son expansion au Japon. C’est dans cette ville que l’on trouve certains des plus anciens temples zen de l’Archipel. Découvrez avec nous le lien étroit entre zen et samouraïs.
Brève histoire de Kamakura
En 1181, Yoritomo no Minamoto, vainqueur du clan desTaira, s’installe dans la ville de Kamakura qui deviendra la capitale politique et économique du Japon. Nommé shogun en 1192 par l’empereur resté à Kyoto, il installera le bakufu, le gouvernement militaire, et donnera naissance à l’époque Kamakura qui s’achèvera en 1333, quand la ville sera envahie et vaincue par les troupes de l’empereur Go Daigo. Après la mort de Yoritomo, ses deux fils, Yoriie et Sanetomo lui succédèrent brièvement avant que leur oncle paternel, Hôjô Yoshitoki, ne prenne le pouvoir en tant que régent. Le clan des Hōjō contrôlera Kamakura mais aussi tout l'Est du Japon jusqu'en 1333.
Les débuts du bouddhisme zen à Kamakura
En 1191, à l’époque Kamakura, le moine bouddhiste japonais Eisai (1141-1215) revient de Chine où, parti approfondir ses connaissances sur le bouddhisme, il découvrit le bouddhisme zen (chan en chinois). Mal accueilli à Kyoto, restée capitale impériale, où étaient déjà installées plusieurs écoles bouddhistes qui réussirent à faire interdire l’école zen à Kyoto en 1194, Eisei se rendit à Kamakura où il fut le bienvenu et propagea la branche Rinzai du zen.
En 1200, Hôjô Masako, la veuve de Yoritomo mort en 1199 d’une chute à cheval, lui demanda de fonder le temple Jufuku-ji pour y déposer les cendres de son époux. Jufuku-ji est le plus vieux temple zen de l’Est du Japon et l’un des plus anciens de l’Archipel.
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La relation entre les samouraïs et le zen
Les régents Hôjô, maîtres de Kamakura, furent de fervents adeptes du zen Rinzai.
Doctrine "pure", moins syncrétique et moins complexe que certaines autres doctrines bouddhistes du Japon, ses pratiques austères telles le zazen (méditation assise) attirèrent ces samouraïs. L’autodiscipline, la rigueur et le contrôle de soi pratiqués parles moines zen, étaient des valeurs tout aussi essentielles pour des guerriers prêtsà mourir du jour au lendemain.
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De plus, la construction de temples enrichissait Kamakura, que le clan Hôjô rêvait de rendre égale en grandeur à Kyoto. Ils firent donc bâtir de grands temples zen et firent venir de Chine des moines zen renommés pour les diriger. A cette époque la dynastie Song était menacée par les Mongols et de nombreux moines chinois vinrent se réfugier auJapon où ils furent bien accueillis et purent exercer dans les temples. Les premiers temples zen de Kamakura ont d’ailleurs des caractéristiques architecturales inspirées du style de la dynastie des Song.
Afin de suivre la coutume chinoise mais aussi pour rivaliser avec Kyoto qui avait finalement accepté les écoles zen, les régents Hôjô firent construire les "Cinq temples de la montagne", Gozan, tous attachés à la branche zen Rinzai. De nombreux autres temples zen, de moindre importance, furent aussi établis à Kamakura.
Les temples zen de Kamakura
Hôjô Tokiyori futle premier régent à fonder un temple zen, Kenchô-ji. Bâti en 1234, c’est le premier des "Cinq temples de la montagne". Il fut à ses débuts dirigé par un grand maître chinois.
Hôjô Tokimune, le fils de Tokiyori , qui lui succéda, fit élever Engaku-ji en 1282 pour prier pour les soldats morts lors de l’invasion mongole de Kyushu en 1281. C’est le deuxième des "Cinq temples de la montagne" et ileut lui aussi un moine chinois à satête.
Le fils de Hôjô Tokimune, Hōjō Munemasa, serait le fondateur du quatrième temple de la montagne (le troisième étant Jufuku-ji, cité plus haut), Jochi-ji. Enfin, le dernier des "Cinq temples de la montagne", Jômyô-ji, qui fut d’abord un temple fondé par la secte du bouddhisme Shingon, devint par la suite un temple zen.
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Outre ces cinq grands temples zen, le temple Tôkei-ji, est lui aussi un temple zen Rinzai. Il est connu sous le nom de " temple du divorce" car les femmes fuyant leur mari pouvaient venir s’y réfugier. L’endroit est très joli aumoment des pruniers en fleur, vers les mois de février-mars.
Zuisen-ji, est quant à lui célèbre pourses narcisses et son jardin sec zen, créé en 1327 par le grand maître zen MusoKokushi qui est également le fondateur du temple.
Hôkoku-ji, fondé en 1334 est un autre temple zen célèbre plus connu sous le surnom de "temple des bambous"parce qu’il abrite un charmant bosquet de bambous ainsi qu’un joli petit jardin zen.
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Le zen à Kamakura aujourd‘hui
Kencho-ji et Engaku-ji sont restés des temples renomméspour la pratique du zen rinzai. Des moines vivent dans le domaine et denombreux évènements y sont organisés. Les deux temples offrent également desséances de zazen ouvertes à tous.
Il est aussi possible de faire du zazen au temple Hôkoku-ji.
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