Période Kamakura, Histoire du Japon
La période Kamakura (1185-1333) a marqué un tournant majeur dans la structure politique et sociale du Japon. Elle a vu la montée en puissance de la classe des guerriers (samouraïs), l'instauration du féodalisme et la gouvernance du shogunat de Kamakura. Cette époque a entraîné de profonds changements dans la politique, la culture, l'économie et la religion du Japon, qui allaient façonner le pays pour les siècles à venir. Explorons les éléments clés qui ont défini la période Kamakura, depuis les bouleversements politiques et les développements culturels jusqu'aux invasions mongoles et à l'héritage durable de la période.
L'avènement du shogunat de Kamakura sous Minamoto no Yoritomo
La période Kamakura a débuté en 1185 lorsque le guerrier Minamoto no Yoritomo , basé à Kamakura, a vaincu le clan Taira lors de la guerre de Genpei. En 1192, Yoritomo est nommé shogun par l'empereur, établissant ainsi le shogunat de Kamakura, le premier gouvernement militaire du Japon. En tant que shogun, Yoritomo détient le pouvoir réel tandis que l'empereur n'est plus qu'une figure de proue. Yoritomo a su naviguer habilement dans le paysage politique, consolidant son autorité et préparant le terrain pour l'ascension de la classe des samouraïs.
Minamoto no Yoritomo
Transition du pouvoir vers les régents du clan Hōjō
Après la mort de Yoritomo en 1199, le clan Hōjō, dirigé par la veuve de Yoritomo, Hōjō Masako, et son père Hōjō Tokimasa, s'empare du pouvoir. Ils mettent en place un système de régence où les membres du clan Hōjō gouvernent en tant que shikken (régents) derrière des shoguns fantoches. Les régents Hōjō, en particulier Hōjō Yasutoki et Hōjō Tokiyori, renforcent encore l'autorité du shogunat, mettant de fait à l'écart la cour impériale de Kyoto. Cette structure de pouvoir unique a caractérisé la majeure partie de la période Kamakura.
Le système politique et administratif de Kamakura
Le shogunat de Kamakura a mis en œuvre d'importantes réformes administratives pour consolider son contrôle sur le pays. Il crée le Mandokoro (conseil administratif), le Monchūjo (pouvoir judiciaire) et le Samurai-dokoro (affaires militaires) pour gérer les différents aspects de la gouvernance. Le shogunat nomme également des jitō (intendants de domaines) et des shugo (gendarmes provinciaux) pour gérer l'administration locale et maintenir l'ordre. Ces réformes ont jeté les bases d'un système féodal plus centralisé.
Développements économiques et agricoles au cours de la période Kamakura
La période Kamakura a été le témoin de progrès économiques et agricoles notables. L'amélioration des techniques agricoles, telles que la double culture et une meilleure irrigation, a permis d'accroître la productivité agricole. L'essor des guildes commerciales (za) et l'expansion du commerce ont contribué à la croissance urbaine. Kamakura, capitale du shogunat, s'épanouit en tant que centre d'activité économique. Toutefois, cette période a également vu l'apparition d'un fossé grandissant entre les riches et les pauvres.
Émergence et influence des nouvelles écoles bouddhistes
Le bouddhisme a subi d'importantes transformations au cours de la période Kamakura, avec l'émergence de nouvelles écoles qui ont eu un impact profond sur la société japonaise. L'école de la Terre pure (Jōdo), fondée par Hōnen, et l'école de la Vraie Terre pure (Jōdo Shinshū), établie par Shinran, ont acquis une grande popularité auprès des masses. Ces écoles mettent l'accent sur la foi et la dévotion plutôt que sur des rituels complexes, rendant le bouddhisme plus accessible aux gens ordinaires. Le bouddhisme zen, introduit par Eisai et Dōgen, s'est également imposé, en particulier dans la classe des samouraïs, dont il a façonné l'esthétique et le mode de vie.
Les invasions mongoles et leur impact
La période Kamakura a été confrontée à une menace extérieure majeure sous la forme d'invasions mongoles en 1274 et 1281. Kubilaï Khan, l'empereur mongol, exigea que le Japon se soumette à la domination mongole, mais le shogunat de Kamakura refusa. Les forces mongoles lancent deux invasions massives, mais les deux tentatives sont contrecarrées par la résistance acharnée des Japonais et l'intervention fortuite de typhons, connus sous le nom de kamikaze (vents divins). Bien que victorieuses, les invasions ont mis à rude épreuve l'économie japonaise et révélé les faiblesses du shogunat.
L'invasion mongole telle qu'elle est représentée dans une estampe contemporaine avec des samouraïs montant à bord des navires mongols
L'invasion mongole dans une estampe contemporaine
Déclin du shogunat de Kamakura et montée des Ashikaga
Le déclin du shogunat de Kamakura a commencé au début du XIVe siècle en raison de divers facteurs, notamment les luttes de pouvoir internes, les difficultés économiques et le mécontentement croissant des samouraïs. En 1333, l'empereur Go-Daigo a lancé une rébellion contre le shogunat, connue sous le nom de Restauration Kenmu, dans le but de restaurer le pouvoir impérial. Bien que couronnée de succès dans un premier temps, la rébellion est de courte durée. Ashikaga Takauji, un puissant samouraï, se retourna contre Go-Daigo et établit le shogunat Ashikaga en 1336, marquant la fin de la période Kamakura et ledébut de la période Muromachi.
La période Kamakura a été une ère de transformation dans l'histoire du Japon, qui a vu la montée de la classe des samouraïs, l'établissement du féodalisme et d'importants développements culturels et religieux. Son héritage perdure dans les traditions politiques, sociales et artistiques qui continuent à façonner le Japon jusqu'à aujourd'hui. Lisez d'autres articles sur l'histoire du Japon pour en savoir plus sur les époques fascinantes qui ont façonné l'identité unique du Japon.
Pour ceux qui souhaitent approfondir leur connaissance de la période Kamakura et des débuts de l'histoire japonaise, voici quelques ouvrages recommandés:
- The Samurai, de Stephen Turnbull
- Kamakura : Faits et légendes par Iso Mutsu
- The World of the Shining Prince : Court Life in Ancient Japan (Le monde du prince brillant : la vie à la cour dans le Japon ancien) par Ivan Morris
- Zen et culture japonaise par D.T. Suzuki