Rien de trop : éloge du haïku, d'Antoine Arsan
En moins d'une centaine de pages, Antoine Arsan raconte l'histoire du haïku, et comment le saisir, en toute légèreté. Parsemé de ces petits poèmes, son œuvre aborde leur histoire et leur évolution, depuis la poésie chinoise, le bouddhisme zen jusqu'à nos jours.
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L'auteur nous parle aussi du processus de création de ces compositions en quelques syllabes (5-7-5), tant par les poètes japonais qu'étrangers, comme Jack Kerouac ou Jorge Luis Borges. La difficulté de l'écriture tient dans l'expression du "quotidien extrême, (...) qui ne se cache ni ne s'exhibe, qui est simplement là et se mue en un instant en parcelle d'éternité", comme nous le raconte si bien A. Arsan.
Si les auteurs de haïku classiques sont ermites ou moines, l'ère Meiji (1868-1912) fait naître un nouveau genre de haïku ; plus éloigné de l'essence même de la nature et de ses références. Ce "nouveau" haïku s'articule autour de thèmes jamais abordés jusqu'alors : les joies, les peurs, les souffrances, la mort, la guerre ou encore la ville ; et l'homme en tant que sujet.
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Éloge des petits poèmes
Cette année, Antoine Arsan revient nous parler d'un thème qui lui tient à cœur : le haïku. Nous vous avions déjà présenté l'un de ses récits de voyage, écrit sous le nom de Jean Sarzana : "La tentation de Kyoto".
Enfin, l'auteur souligne l'importance du travail du traducteur dans la compréhension du haïku ; car s'il ne ressemble à rien que l'on connaisse dans le monde occidental, la traduction aide le lecteur à entrevoir de façon fugace cet autre univers.
Unique et ancré dans le réel ordinaire, le haïku a su rester intemporel, tout en invitant le lecteur à réfléchir.
Pour vous mettre en appétit, voici les quelques haïkus d'introduction à cet éloge :
" Les nuages parfois
viennent reposer les gens
d'admirer la lune "
Bashô
" Mon âme plonge dans la mer
et ressort
avec le cormoran "
Onitsura
" Suis descendu
de ma tour d'ivoire
et n'ai trouvé personne "
Jack Kerouac