O-Tsukimi, la fête traditionnelle de la lune
Festival d'automne au Japon : Lapin blanc, mochi et pleine lune
Qu’elle soit pleine ou en croissant, rassurante ou malicieuse, la lune atoujours fasciné les peuples à travers le monde. Si en Europe elleest souvent associée aux loups-garous ou autre créaturesurnaturelle, en Asie l’astre lunaire jouit d’une image beaucoupplus positive ! Il a d’ailleurs son propre festival en débutd’automne dans plusieurs pays du continent, à commencer par leJapon qui célèbre chaque année "O-Tsukimi",le festival de la contemplation de la lune.
Aux origines du Tsukimi : une fête agricole chinoise
Organisée tous les ans entre la mi-septembre et la mi-octobre, la fête de la lune prend ses origines en Chine, à l’époque où les astres servaient de repères dans le calendrier et où la lune jouait un rôle de premier ordre dans le planning agricole.
Brillant de mille feux dans un ciel dégagé, la pleine lune de l’équinoxe d’automne était en effet annonciatrice de bonnes moissons. Elle permettait de travailler plus longtemps dans les champs en prévision des récoltes, et ses rayons étaient une source de motivation importante pour les travailleurs de la terre. On lui associa ainsi robustesse et fertilité, ce qui donna naissance à de nombreuses légendes encore bien vivantes aujourd’hui, comme le fait que les enfants nés un soir de pleine lune grandiraient en bonne santé ou que le riz serait récolté en plus grande quantité si le ciel était dégagé au moment de la "lune des moissons".
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Avec l’influence grandissante de la Chine sur le reste de l’Asie, la fête de la lune se répand rapidement sur une grande partie du continent entre le 8ème et le 11ème siècle.
Et s’il existait déjà une fête des récoltes au Japon à la mi-août appelée Jugoya, les célébrations chinoises vont très vite séduire la noblesse d’Heian (794-1185) déjà amourachée de Hanami. Il faut dire aussi que les deux fêtes sont assez similaires, l’air frais de l’automne et son ciel dégagé permettant de reprendre les mêmes jeux qu’au printemps, la musique, les banquets et les récitations de vers ayant cette fois-ci pour thème la beauté de la lune.
Devenue O-Tsukimi, la fête devient une véritable institution au pays du soleil levant. Contempler la lune entre amis un verre de saké à la main fait désormais partie des traditions lorsque l’automne arrive, au même titre que de manger du mochi (une pâtisserie gluante fourrée à la pâte de haricot rouge), une coutume, elle aussi, issue d’une légende populaire répandue dans plusieurs pays voisins.
La légende du lapin qui fabriquait du mochi sur la lune
Que ce soient lors des festivités de Chuseok en Corée du Sud ou de O-Tsukimi au Japon, la contemplation de la lune est indubitablement associée à un petit lapin blanc. Et pour cause, ici, on dit que les lapins vivent sur la lune !
La légende raconte que Dieu descendit un jour sur terre sous l’apparence d’un vieil homme. Affamé, ce dernier demanda à tous les animaux de la forêt de lui rapporter quelque chose à manger. Tous allaient lui ramener des provisions, quand le lapin se rendit compte qu’il ne savait pas chasser et ne pouvait donc rien offrir. Pris au dépourvu et ne voulant pas faillir à sa mission, l’animal décida alors de sacrifier sa propre vie pour nourrir l’inconnu.
Dieu fut ému par ce sacrifice, et rendit la vie au lapin en l’envoyant vivre sur la lune. C’est pourquoi il est possible de distinguer la silhouette du lapin en train de fabriquer du mochi lors des soirs de pleine lune, et qu’il est coutume de manger ces petites pâtisseries en observant le ciel d’automne à O-Tsukimi.
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Cette légende est si populaire au Japon, que de nombreuses enseignes la reprennent pour booster leurs ventes de la saison. Les goodies à l’effigie du lapin héroïque pleuvent dans les magasins, tout comme les mochi et autre mets de circonstance apparaissent comme par magie dans les rayons des supermarchés. Car comme dans tout bon festival japonais, c’est bien la nourriture qui est ici primordiale à O-Tsukimi !
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Comment célèbrer l'O-Tsukimi ?
Cette année, O-Tsukimi sera célébrée le 1er octobre. À cette occasion, temples et sanctuaires ouvriront leurs portes pour une soirée sous les étoiles. Les participants pourront ainsi visiter les lieux sous les lueurs de la lune, et écouter quelques concerts de musique traditionnelle tout en dégustant des mochi achetés sur des stands de rue à l’entrée des lieux de culte.
De nombreux monuments nationaux organiseront, eux aussi, des veillées, à l’image du château de Himeji dans la préfecture de Hyogo ou du jardin de Genkyû dans la préfecture de Shiba.
Bien que O-Tsukimi favorise les rassemblements publics, cette fête populaire reste généralement de l’ordre du privé. Et si quelques personnes aiment participer aux événements qui se déroulent près de chez elles, la plupart des Japonais préfèrent de loin profiter de l’occasion pour passer un moment en famille à regarder la lune depuis le balcon et à manger des spécialités d’automne.
Tsukimisoba (des soba cuites en bouillon agrémentées d’un œuf pour rappeler la lune), patate douce, soupe de châtaigne, ou même Tsukimi burger (un hamburger ou un sandwich accompagné d’un œuf au plat), les recettes ne manquent pas pour satisfaire les palets ! Ces dernières s’accompagnent d’ailleurs de mochi ou de dango (des mochi grillés) en dessert, quand les pâtisseries ne servent pas d’offrande à la lune.
En effet, pour O-Tsukimi, il est aussi coutume de décorer l’endroit de la maison où on prévoit de passer la soirée. On ornera ainsi la fenêtre ou le balcon de susuki (des herbes à éléphant), aux pieds desquelles on déposera 15 dango ou mochi en pyramide pour remercier l’astre de ses bienfaits. Ces derniers pourront ensuite être dégustés le lendemain, une fois que la lune aura laissé sa place au soleil.
Où faire l'O-Tsukimi au Japon ?
Si vous préférez célébrer O-Tsukimi en extérieur sans pour autant prendre part aux festivités locales, voici quelques endroits réputés pour contempler les reflets de la lune aux quatre coins de l’archipel. Attention cependant, ces derniers ont de grandes chances d’être courus lorsque le soleil se couchera !
Les baies et les plages
Les points d’eau font de très bons miroirs ! Rien d’étonnant donc à ce que la baie de Matsushima dans la préfecture de Miyagi, le pont Togetsu à Kyoto ou la plage de Katsura dans la préfecture de Kôchi fassent partie des sites incontournables pour célébrer O-Tsukimi.
Les parcs et les jardins
Qu’ils se situent dans un château ou en pleine ville, les parcs et jardins restent des lieux de choix lorsqu’il s’agit d’admirer la pleine lune d’automne. Parmi eux, on citera notamment le jardin de Kikkô dans la préfecture de Yamanashi ou encore les alentours du château de Ueno dans la préfecture de Mie.
Les hauteurs
Contempler la lune depuis les cieux est une idée séduisante. À Tokyo par exemple, la colline de Kudan, Tokyo Skytree ou encore Tokyo Tower offrent de jolis points d’observation pour quiconque désire prendre un peu de hauteur pour O-Tsukimi.