Les festivals autour des enfants au Japon
Quand ces chères têtes brunes sont à l’honneur
Considérés comme de véritables joyaux au sein de la famille, lesenfants tiennent une place toute particulière dans la sociétéjaponaise. C’est donc tout naturellement que plusieurs fêtes leuront été dédiées tout au long de l’année. Qu’ils soientnationaux, locaux, ou de simples traditions non-répertoriées dansle calendrier, les événements suivants ont en effet tous pourspécificité de mettre les enfants au cœur de leurs coutumes. Descoutumes religieuses pour la plupart, qui visent à faire grandir lefutur de la nation dans les meilleurs conditions.
Seijin no Hi, le jour del’accès à la majorité (le 2e lundi de janvier)
Établi comme unjour férié depuis 1948, Seijin no Hi estun jour important pour tous les jeunes adultes du Japon. Etpour cause, c’est le jour de seijin shiki,la cérémonie d’accès à la majorité !
Héritée d’une cérémonie shinto du VIIe siècle à laquelle lesgarçons de 10 à 15 ans et les filles de 12 à 16 ans participaient,seijin shiki est emprunt de bons sentiments.Quand autrefois lesgarçons choisissaient leur nom d’adulte et les jeunes fillesrevêtaient leur premiers habits de femme, la cérémonie actuelleest un peu moins formelle.
Les jeunes gens ayant eu20 ans dans l’année sont appelés à se rendre à la mairie deleur quartier pour y recevoir un discours officiel surl’importance de l’entrée dans l’âge adulte, et lesvolontaires prennent ensuite le chemin du sanctuaireaccompagnés de leur famille pour le plus grand plaisir des passants.
Car oui, Seijin no Hi est avant tout un véritablerégal pour tous les amours de beaux tissus ! Furisode(kimono à manches longues) travaillé pour les jeunes filles ethakama d’apparat pour les garçons, les jeunesadultes se parent de leurs plus belles tenues lorsqu’il s’agit degravir les marches du sanctuaire pour la première fois(officiellement) depuis leur majorité. Là, ils demanderont engénéral réussite professionnelle et chance en amour aux divinités,en gage de bonne fortune pour les années à venir.
Setsubun,le festival du lancer de haricots (03 février)
Fête populaire nonchômée dans le calendrier, Setsubun vise à célébrerl’arrivée du printemps sur l’archipel. Si elle ne rend pashommage à proprement parler aux enfants, la fête les met néanmoinsà l’honneur puisqu’ils sont les principaux acteurs du rite leplus important des festivités : mame maki, lelancer de haricots.
Servant à repousser l’hiver et ses maux, mame makiest l’un des rituels shintos les plus amusants qui soient pour lespetits japonais. Les mains pleines de haricots, ces derniersdoivent jeter leur butin sur un démon, un homme revêtu d’unmasque de Oni, symbolisant l’hiver.
Le démon terrassé(parfois littéralement) laissera ensuite place au printemps et àses bienfaits en récompense de leur effort, pour leur plus grandplaisir comme celui de leurs parents.
Très appréciées au Japon, les traditions de Setsubundonnent lieu chaque année à de nombreuses festivités. Elless’accompagnent par exemple d’un festival des lanternes à Kyoto et à Nara, et plusieurs mamemaki géants sont organisés dans les grands sanctuairesdes villes aux quatre coins du pays. C’est également à cetteépoque que des goodies à l’effigiedes démons japonais apparaissent en magasin, si jamais certainsauraient envie de déguster de drôle de bonbons ou de revêtir uncostume de Oni pour l’occasion (à leurs risques etpérils !).
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Hina Matsuri, la fête despoupées (03 mars)
Appelée égalementMomo Matsuri ou ‘’fête des pêchers’’, Hina Matsuri met chaque année les petites filles à l’honneur.
Littéralement‘’fête des poupées’’, ce jour non chômé est héritéde l’ère Heian (794-1192), à l’époque où les noblesoffraient des figurines de la cour au couple impérial pour leprotéger des mauvais esprits.
Si aujourd’hui ilest coutume d’offrir aux petites filles du foyer desfigurines similaires, la tradition a su garder sa partd’ésotérisme. Et les poupées sont désormais exposées dans lapièce à vivre pendant une petite semaine, dans le but de garderles demoiselles éloignées de la mauvaise fortune enamour. Il faudra toutefois les enlever rapidement une fois lafête terminée, au risque que les petites filles ne trouvent jamaischaussure à leur pied en grandissant !
À l’occasion de Hina Matsuri,plusieurs événements sont organisés en dehors ducercle familial.
La fête n’estalors plus seulement réservée aux familles ayant une petite fille,mais tous les Japonais peuvent désormais en profiter. C’estpourquoi on peut admirer les poupées de la fête des pêchersdans certains espaces publiques, à l’image de l’Hotel Gajoen à Tokyo, qui émerveille chaque année une petite centaine devisiteurs avec son Hyakudan Hinamatsuri, ou du sanctuaireShimogamo à Kyoto, qui organise un festival où les poupéesprennent le large sur les rivières environnantes.
A notez enfin que de nombreuses douceurs se teintentégalement de rose dans les pâtisseries traditionnelles, pour rendre hommage aux petites filles comme auxgourmands.
HamamatsuMatsuri, le festival des cerfs-volants (03-05 mai)
Le festival descerfs-volants de Hamamatsu a une jolie signification puisqu’ilmet à l’honneur les petits garçons de la régionnés dans l’année.
Cette traditionlocale date en réalité du XVIème siècle, à l’époque oùon célébrait la naissance d’un héritier mâle en lançantplusieurs cerfs-volants dans les cieux. Si la coutume s’estrépandue par la suite sur l’archipel pour venir agrémenter lafameuse ‘’fête des enfants’’ le 05 mai, elle est égalementrestée à Hamamatsu qui en a fait un festival local de plusieursjours aux alentours de la même date.
Depuis, il est d’usage defaire combattre 100 cerfs-volants au dessus des dunes de sable surlesquels sont inscrits le nom des bébés de l’année. Legagnant sera celui qui réussit l’exploit de couper les ficelles detous les cerfs-volants ennemis, avec pour seules armes le vent et latechnique.
Kodomo no Hi, la fête desenfants (05 mai)
Désigné commeétant la "fête des enfants", cejour férié met en réalité à l’honneur les petits garçons.
La tradition prendnaissance en Chine alors qu’on célébrait les fleurs d’iris aumois de mai, avant de se transformer au contact de la noblessejaponaise sous Kamakura (1185-1333), où devient coutume dans lesfamilles de samouraï d’offrir une partie de leur future armure auxpetits garçons.
On retrouved’ailleurs cet élément aujourd’hui, puisqu’on exposeencore des répliques de kabuto (casques desamouraï) dans les entrées des maisons abritant un petit homme-ce dernier étant censé apporter chance et bonne santé auxhéritiers mâles de la famille.
Kodomo no Hi étant l’une des fêtes les plus populaires del’archipel, le Japon se pare également debanderoles de carpes (ou koi no bori) pour l’occasion. Ces dernières sont tout droit héritées de la tradition descerfs-volants de Hamamatsu, et se retrouvent ainsi à flotter au grédu vent aux rebords des fenêtres des maisons ou deslieux publics pour souhaiter une bonne santé à tous lesenfants. C’est pourquoi, plusieurs événements autour deskoi no bori sont organisés un peu partout dansle pays au mois de mai, à commencer par Tokyo, où Tokyo Tower et Roppongi Hills tiennentchaque année un festival de banderoles.
Shichi-Go-San, la journéedes 3, 5 et 7 ans (15 Novembre)
Littéralement"sept, cinq, trois", Shichi-Go-San estdédiée aux enfants de trois, cinq et sept ans.
La traditionremonterait à l’antiquité, lorsque la noblesse avait pourcoutume de célébrer les trois, cinq et sept ans de leur chèrestêtes brunes.
En effet, ces âgesétaient importants à l’époque où la mortalité infantileétait élevée, puisqu’ils structuraient l’enfance etmarquaient des rites de passage : on coupait pour lapremière fois les cheveux des enfants à trois ans ; lesgarçons commençaient à porter le hakama à cinq ans ;et on considérait qu’un enfant faisait réellement partie de lafamille à sept ans- les chances de survie étant minces avant cetâge.
Aujourd’huiheureusement, les choses ont changé ! Cela dit la tradition aperpétué, et les petits japonais de ces âges ontencore coutume de se rendre au sanctuaire le 15 novembre pourattirer chance et bonne santé pour le reste de leur croissance.Vêtus de kimono pour les filles et de hakamapour les garçons, c’est donc avec bonheur et bienveillancequ’on peut les voir se faire photographier par leurs parents etgrands-parents aux alentours des lieux de culte à la fin de l’année.