Cinq faits étonnants sur les onsen
Les secrets des sources chaudes
Vous pensez déjà tout savoir sur ces petits haves de paix que sont les onsen ? Nous sommes prêts à parier que ces quelques faits historiques et anecdotes étonnantes sauront vous surprendre.
Vous pensez déjà tout savoir sur ces petits havres de paix que sont les onsen, les sources thermales au Japon ? Nous sommes prêts à parier que ces quelques faits historiques et anecdotes étonnantes sauront vous surprendre.
Les onsen, trésors des traditions japonaises, représentent bien plus qu'un simple bain. Imprégnées d'une histoire riche, ces sources chaudes font partie intégrante du voyage au cœur de la culture japonaise. Lorsqu'on évoque les onsen, on plonge dans l'essence même de la détente, du soin du corps et de l'évasion. Ces établissements thermaux, souvent associés aux ryokan, offrent bien plus qu'une immersion dans des eaux apaisantes. Ils incarnent le mariage harmonieux entre le rituel du bain et l'authenticité d'une expérience japonaise. À travers les générations, les onsen ont évolué, devenant bien plus qu'une simple pratique hygiénique. Ils incarnent un art de vivre, un lieu où se mêlent l'histoire, la tranquillité et la pureté du corps, créant ainsi une expérience unique, incontournable lors de tout voyage au Japon.
Parc d'attraction onsen, festival du onsen, cuisine dans l'eau thermale, il existe de nombreuses traditions et faits insolites dans l'histoire du onsen ! Découvrez 5 faits surprenants sur les onsen dans cet article !
Okumiyu
La passion des bains thermaux de Ieyasu Tokugawa (1543-1616), le premier shogun de l'époque d'Edo (1603-1868) est à l'origine d'une bien curieuse coutume : l'okumiyu ou l'approvisionnement en eau de source chaude.
Ce goût prononcé pour les bains ; le shogun leyasu Tokugawa doit à un séjour dans la ville thermale d'Atami. Sept jours durant, il profita des bienfaits thérapeutiques et des vertus relaxantes des eaux chaudes des onsen de la ville. Par la suite, alerté de l'état de santé précaire de l'un de ses daimyos, Hiroie Kikkawa (1561-1625), il lui envoie à Kyoto des barils d'eau thermale pour soigner le mal dont il souffre. Ce convoi d'eau constitue le premier jalon de l'okumiyu.
À partir de 1644, la pratique devient officielle. Le 4ème shogun, Ietsuna Tokugawa (1641-1680), fait ainsi acheminer de façon régulière de l'eau de plusieurs onsen du pays jusqu'à son château d'Edo (l'ancien nom de Tokyo). Le gouvernement dépêche alors tous les ans un magistrat en charge de l'okumiyu dans une ville thermale préalablement sélectionnée pour la qualité de ses eaux.
Ce dernier est en charge d'envoyer chaque jour plusieurs barils au shogun afin d'alimenter son bain.
On peut alors observer des compagnies d'hommes, portant des barils, courir le long des routes de l'archipel japonais. Et ce transport se fait vite, très vite même. Si bien que le trajet de 100 km entre Atami et Edo ne dure que 15h ! Pour réussir cet exploit, les compagnies se relaient de ville en ville ; veillant à ce que les fûts ne touchent jamais le sol. Ainsi, l'eau, extraite à 90° à Atami, est encore à 40° lorsqu'elle arrive à Edo !
L'okumiyu perdure jusqu'en 1805 même si dans les dernières décennies le transport routier laissera place au transport maritime. Cette coutume, s'apparentant à un service de livraison à domicile d'eau de source chaude, fit tout de même transiter jusqu'à Edo des milliers de barils d'eau des onsen d'Atami, Hakone et Kusatsu !
- À découvrir : Notre sélection d'Onsen à Atami
Celui-ci a vu le jour en 2014 pour commémorer le 120ème anniversaire de la rénovation du onsen le plus emblématique de la ville, le Dongo onsen Honkan. Édifié en 1894, il est l'un des plus anciens onsen du Japon. Le Dogo Onsenart a la particularité d'être le plus long festival d'art contemporain de l'archipel.
Sa dernière édition a ainsi débuté en septembre 2017 et ne prendra fin qu'à la fin du mois de février 2019 ; soit 18 mois plus tard ! Une vingtaine d'artistes dont des photographes, des artistes multimédia, des graphistes et des peintres ont pris part à cette édition.
Les installations et différentes œuvres d'art ont alors investi les rues de Matsuyama et le Dogo onsen lui-même. Une expérience qui allie à merveille la création contemporaine et les ressources touristiques de la ville thermale. On souhaite à ce festival de rencontrer le même succès que ses ainés !
Le parc Yu-enchi de Beppu
Mais qu'à-t-il bien pu se passer dans la tête du maire de Beppu, Yasuhiro Nagano, pour que celui-ci mette en ligne en novembre 2016 une vidéo destinée à promouvoir la création du premier parc d'attractions au monde dédié aux onsen ? Coup de folie pour certains; coup de pub extraordinaire pour d'autres ! Les avis divergent. Le maire s'engageait à créer un parc, uniquement si la vidéo promotionnelle franchissait le cap d'un million de vues. Ce chiffre est atteint en 3 jours !
Dans cette annonce devenue rapidement virale, on peut y voir des japonais dévaler à vive allure les pentes d'un grand huit, bien installés dans un wagon rempli d'eau thermale. Mais cela ne s'arrête pas là. Dans ce futur parc, chacun, une serviette autour de la taille, profite en famille ou entre amis, des bienfaits des eaux des onsen de Beppu puisque l'eau est partout ; bains dans les cabines d'une grande roue, bains dans les wagons d'un funiculaire, bains dans les avions d'un manège ou dans les baignoires installées sur un carrousel. Pour tenir son engagement, la ville de Beppu met en place une campagne de financement participatif qui permet de récolter 82 millions de yens (658 000 €) !
Mais il reste tout de même un problème de taille : la réalisation. Le parc d'attraction Beppu Rakutenchi a été choisi pour être réaménagé mais malheureusement, pour des raisons de sécurité, toutes les attractions aperçues dans la vidéo ne pourront voir le jour. Ainsi les montagnes russes aux wagons d'eau ne font pas partie du dispositif lors de l'ouverture du parc le 29 juillet 2017.
Ce parc éphémère fait le plein de visiteurs durant ses 3 jours d'exploitation. Et seules les personnes ayant participé au minimum à hauteur de 8 000 yens à la campagne de crowdfunding auront finalement accès au Yu-enchi de Beppu. Une expérience pour le moins hors-du-commun ! Mais parions que Yasuhiro Nagano aura rapidement une autre idée de génie pour promouvoir les sources de Beppu !
- À lire sur Beppu : Jogoku Meguri, le quartier des enfers
Yu-momi
De passage dans la cité thermale de Kusatsu, dans la préfecture de Gunma, il vous faut absolument assister à une cérémonie yu-momi. Typique de Kusatsu, le yu-momi est une méthode séculaire de refroidissement de l'eau thermale. L'eau des onsen de Kusatsu est réputée pour sa très haute température à sa sortie de la source. Il est donc impératif de la refroidir pour permettre aux visiteurs d'en profiter et s'y relaxer en toute sécurité.
Pour ce faire, la méthode adoptée à Kusatsu est bien particulière. Des jeunes femmes, en costume traditionnel japonais, prennent place autour du bassin fumant et mélangent l'eau à l'aide de planches en bois de 1,80 m de long et 30 cm de large. Cette véritable danse se fait au rythme de chants folkloriques permettant la parfaite synchronisation des mouvements.
Brassée longuement, l'eau baisse de 90° à 40°/50°. Mais sachez que cette technique ancestrale est laborieuse. En effet, après un mélange de 30 minutes réalisé par 10 personnes, la température n'aura diminué que d'un seul petit degré !
Bien qu'il s'agisse aujourd'hui d'un divertissement proposé aux touristes, cette ancienne coutume disposerait d'un bienfait surprenant. Les eaux de Kusatsu, très acides, sont connues depuis des siècles pour leur action bactéricide et leur efficacité contre la lèpre. La plus ancienne légende à ce sujet raconte qu'un enfant aurait narré à Minamoto Yoritomo (1147-1199), le premier shogun du clan de Kamakura, comment l'eau thermale de Kusatsu l'aurait guéri de la lèpre.
Et bien sachez que la technique du yu-momi permet de renforcer cette action contre les maladies de peau. Mais comment ? Dans le yu-momi, on fait baisser la température de l'eau et cela sans le moindre ajout d'eau froide. Or, en déverser ferait certes gagner du temps, mais diminuerait grandement l'acidité et donc l'efficacité de l'eau de Kusatstu !
- Pour en savoir plus : Kusatsu Onsen, la station thermale préférée des Japonais
La cuisine des onsen
Les restaurants et cafés des stations thermales de l'archipel proposent à leur carte d'intrigantes spécialités, cuites à la vapeur ou dans l'eau des sources chaudes de la ville.
Parmi celles-ci, attardons-nous sur les onsen tamago ou œufs des onsen. Selon la méthode traditionnelle, les œufs, disposés dans des paniers ou des filets, sont plongés dans une eau à 70° durant 30 à 40 minutes. Débarrassé de sa coquille, l'oeuf est ensuite servi dans une petite tasse avec un bouillon dashi ou de la sauce soja. De cette cuisson, résulte une texture unique. Le blanc de l'oeuf est laiteux alors que le jaune est bien ferme.
Si vous avez plutôt un faible pour les petits plaisirs sucrés, nous vous conseillons de vous laisser tenter par un onsen manju, également appelé yunohana manju. Ces petits pains fourrés à l'anko sont cuits à la vapeur des eaux des onsen. Ces petites brioches ont été créées par Katsuzo Handa en 1910 dans la ville thermale d'Ikaho, située sur les pentes orientales du mont Haruna de la préfecture de Gunma. Ce dernier cherchait une spécialité locale à proposer aux clients de son établissement. Il a alors l'idée de confectionner un manju avec du sucre brun dont le mode de cuisson mettrait à profit les eaux thermales d'un marron rougeâtre et chargées de fer d'Ikaho.
Et c'est l'empereur Hirohito lui-même qui contribue à la renommée du onsen manju puisque ce dernier, de passage à Ikaho en 1934, en aurait acheté une grande quantité. Contrairement aux manju ordinaires, le onsen manju a une apparence brune et une peau plus douce et plus fine.
Si, avouons-le, la quantité d'eau thermale utile à la confection de ces différents mets n'est qu'infime, ces spécialités des onsen n'en restent pas moins une expérience extrêmement savoureuse.
Découvrez Ikaho grâce à notre circuit : Escales aux sources thermales