Le Kendo
La deuxième vie du combat au sabre
Le combat au sabre fait partie des images d’Epinal les plus communes du Japon. Si plus personne n’échange de coups de katana sur l’archipel depuis déjà plus d’un siècle et demi, l’escrime n’a pour autant pas disparu. Le Kendô est venu combler ce vide dans un pays où le maniement du sabre a été élevé au rang d’art.
Du Kenjutsu au Kendô
Le Kenjutsu (ken "sabre" ; jutsu "art") a été durant la période précédant l'avènement des Tokugawa l'art martial roi d'un Japon en pleine guerre civile. Avec la période de paix qui fut celle du Japon d'Edo jusqu'en 1868, le Kenjutsu perd petit à petit sa finalité létale pour ne plus être qu'un outil de construction de la personnalité de l'élite guerrière, bushi, du pays.
Lire aussi : Sur les traces des samouraïs
C'est au sein de cette transformation sociale que Naganuma Shiro crée les outils du Kendo au début du XVIIIe siècle, à savoir le shinai – un sabre en bambou – et les bogu – protections -. Après l'interdiction du port du sabre en 1876, le Kenjutsu achève sa transformation, et prend au début du XXe siècle le nom de Kendô (la voie du sabre).
Lire aussi : L'ère Meiji
Une école de frappes
Dans la pratique, le Kendô est un art martial de sabre porté à deux mains où deux participants s'affrontent. Il existe plusieurs types de garde mais seules deux sont utilisées en compétition : la garde chudan no kamae, main droite à la garde, main gauche à l’extrémité et pointe du shinai en direction de la gorge ou de l'œil gauche de l'opposant et la garde jodan no kamae, où le shinai est porté au-dessus de la tête.
Les praticiens doivent effectuer des frappes dont l'objectif est de toucher quatre parties du corps dites "datotsu-bui" (littéralement, parties frappées) : la tête (men, ainsi que la partie droite migi-men et gauche hidari-men) ; la gorge (tsuki) ; les flancs droit (migi-dô) et gauche (hidari-dô) ainsi que le poignet droit (migi-kote), le poignet gauche (hidari-kote) n'étant une cible qu'en cas de garde, jodan.
Lire aussi : Les arts martiaux japonais
Le Kendô comprend aussi l'apprentissage de katas, enchaînements de techniques au sabre de bois reproduisant les conditions de combat. Il en existe au total 10 (ainsi que 9 katas éducatifs) dont l'objectif est de perfectionner les techniques de frappe.
L'union du sabre, du corps et de l'esprit
La pratique du Kendô se résume dans la notion du "ki ken tai no ichi" qui peut être traduite par "l'esprit, le sabre et le corps en un". Le kenshi, ou kendoka doit effectuer une frappe avec volonté et détermination, exprimée par un cri, le kiai, tout en orientant correctement le sabre, avec une posture du corps correcte (manifestée par une avancée du pied droit lors du coup deshinai), le tout effectué simultanément. Une telle maîtrise demande un certain nombre d'années d'entraînement !