10 faits étonnants sur le saké
Surprenant saké !
Pour briller dans les dîners, à la machine à café ou tout simplement assouvir votre soif de connaissance sur la culture nippone, voici 10 faits étonnants sur le saké, l'alcool sacré et emblématique de l'archipel.
- Le kuchi kami sake
Les très nombreux spectateurs du film d'animation Your Name ont pu se poser la question. Mais quel est donc ce breuvage que prépare Mitsuha ? Celle-ci prépare du kuchi kami sake, littéralement "saké mâché à la bouche", la forme première du saké. Dans une pratique millénaire des cérémonies shinto, aujourd’hui abandonnée, des jeunes filles mastiquaient du riz cuit puis le recrachaient dans un flacon pour préparer un saké sacré, servi en offrande aux kami (dieux). En novembre 2016, une brasserie de saké de Hida dans la préfecture de Gifu a même mis en vente un saké inspiré de l’anime en édition limitée. Mais rassurez-vous, il ne s’agissait pas d’un réel "saké mâché" !
- Les komokaburi
À l’époque d’Edo (1603-1868), le komokaburi est un baril (taru) de saké enveloppé d’un tapis de paille décoré appelé komo, l’ensemble étant maintenu par une corde. Chaque brasserie décline alors son propre design sur les komo, ceux-ci devenant au fil du temps de plus en plus travaillés et colorés. Une brasserie peut ainsi utiliser des modèles différents selon les variétés de saké et les détaillants. À l’époque d’Edo, ces tonneaux protégés servent à acheminer le saké dans la capitale depuis le Kansai. En 1821, ces livraisons de saké atteignent le record de 1 224 000 komokaburi !
Voir aussi : Saijo, la ville du saké
- Les sugidama ou sakabayashi
Les brasseries de saké suspendent de larges boules de cèdres à leur devanture ou sous leur avant-toit pour annoncer à la clientèle l’arrivée du nouveau saké (shinshu). Composées de branches pressées ensemble, ces sugidama, symbolisant l’esprit du kami (dieux) protecteur des brasseries selon la croyance ancienne, mesurent entre 40 et 80 centimètres de diamètre. Au fil du temps, elles passent d’un vert profond au brun ; un changement de couleur qui correspond et indique la maturation du saké.
- Le saké du tanuki
Le tanuki, yokai du folklore japonais devenu une véritable icône populaire, est toujours représenté, outre son ventre rebondi et son scrotum surdimensionné, un flacon de saké à la main ; signe de son goût prononcé pour la nourriture et l’alcool. Cet attribut tirerait son origine d’une comptine de l’époque d’Edo, chantée dans les quartiers des brasseurs de saké du Kansai. Cette flasque est marquée du maru hachi (le chiffre 8 dans un cercle), emblème des Tokugawa symbolisant les 8 districts du puissant domaine de la famille dans l’ancienne province d’Owari (région de Nagoya).
Voir : Monstres et fantômes japonais
- La cérémonie du kagami biraki
Au XVIIè siècle, Tokugawa Ietsuna (1641–1680), 4è shogun Tokugawa ouvre un tonneau de saké en présence de ses daimyos à la veille d’une importante bataille. En remportant la victoire, le shogun ignore qu’il vient de donner naissance à une cérémonie de bonne fortune qui traversera les siècles. Dans le kagami biraki, pratiqué tous les 11 janvier depuis plus de 300 ans, un prêtre shinto brise le couvercle d’un tonneau à l’aide d’un maillet pour ensuite déguster le saké. Pouvant se traduire par "ouvrir le miroir", la cérémonie doit attirer la bonne fortune et l’harmonie aux participants. Aujourd'hui, le kagami biraki est pratiqué dans de nombreuses occasions : mariages, arts martiaux, etc...
- Le saké de poisson rouge ou kingyo-shu
Précisons immédiatement qu’aucun animal n’a été maltraité pour confectionner du saké ! L’expression "saké de poisson rouge" fait référence à la pratique frauduleuse de certaines brasseries durant la guerre sino-japonaise (1937-1945). Confrontées à la pénurie de riz et une stricte réglementation de distribution de la céréale, des brasseries coupent le saké avec de l’eau pour grossir leur production et faire des économies. De l’eau est encore ajoutée au mélange par les détaillants avant d’arriver au consommateur. Ce saké dilué est ainsi si léger en alcool qu’un poisson rouge pourrait y nager !
- Les kazaridaru
Saviez-vous que les barils de saké disposés à l’entrée des sanctuaires shinto comme au Meiji-Jingu sont vides ? Ces tonneaux décorés appelés kazaridaru sont des offrandes des brasseurs et producteurs de saké. Pour les besoins des cérémonies, les prêtres ont en effet besoin d’o-miki, un saké réservé aux rituels. Mais les quantités nécessaires étant réduites, les brasseurs ne fournissent réellement que l’équivalent d’une bouteille ou d’un baril de saké. Le reste de l’offrande est constitué de tonneaux vides. Les kazaridaru sont un kimochi ; un geste spirituel dont la forte valeur symbolique respecte les préceptes du culte shinto. Les kazaridaru sont vides par le contenus mais en aucun cas vides de sens !
- Le sake kasu
Dans le saké rien ne se perd ! La lie (dépôt de levures provenant du processus de fermentation) récupérée au fond des contenants puis transformée en feuilles compressées ou en pâte est appelée sakekazu. Celle-ci entre dans la composition de condiments, des kazuzuke (poisson ou légumes en saumure) et de l’amazake, un saké traditionnel servi lors du Hina matsuri. Les nombreux nutriments du sakekasu ont un effet contre le cholestérol. On lui prête également des vertus diététiques.
À lire : Le saké
- Le saké, produit de beauté
C’est par sérendipité chez les brasseurs de saké que l’on découvrit les bienfaisantes propriétés du breuvage sur la peau. En effet, les brasseurs d’âge mûr parvenaient à conserver au fil du temps des mains parfaitement lisses et douces ; une vraie peau de bébé ! La raison à cela ? Les nombreux acides aminés de l’alcool de riz aident à combattre les effets du vieillissement et les impuretés. Les geishas ne s’y sont d’ailleurs pas trompées. Les belles à la peau radieuse ont adopté il y a plusieurs siècles le bain agrémenté de saké comme pratique beauté. Des marques de cosmétiques japonaises ont suivi le pas et proposent différents produits de beauté à base de saké.
- Le sakazuki
Echanger votre coupe de saké avec une autre personne pourrait vous lier à jamais ! Au Japon, la pratique du sakazuki ou échange de coupes de saké est un rituel ancestral permettant d’unir des personnes entre elles. Chez les yakuza, une nouvelle recrue échange son saké avec son parrain en gage de fidélité ; un rituel d’initiation connu sous le nom de sakazukigoto. Lors d’une cérémonie de mariage traditionnel, les époux se livrent au san san kudo (trois trois neuf fois) où chacun boit ainsi trois gorgées de saké de trois tasses différentes en priant les kami. Il s’agit là d’une des plus anciennes traditions du mariage nippon.