Les noms de famille japonais : histoire, signification et utilisation
L'importance du nom de famille dans la société japonaise
Au Japon, il existe plus de 100 000 noms de famille différents ! C'est beaucoup plus qu’en Chine et en Corée, pourtant voisins du Japon. Tout aussi important qu'en France, le nom de famille a une symbolique l’amenant à être placé devant le prénom et à être utilisé à la place de ce dernier lorsque l’on échange avec quelqu’un.
Le nom de famille se dit myoji (苗字 ou 名字), uji (氏) ou sei (姓) en japonais.
Dans la société japonaise, le nom de famille revêt une importance particulière. Il est placé avant le prénom et est utilisé pour s'adresser à une personne, sauf dans les situations très familières. Appeler quelqu'un par son prénom est considéré comme un signe de grande proximité.
Les noms de famille permettent d'identifier l'appartenance d'un individu à un groupe familial. Ils reflètent souvent les origines géographiques ou sociales de la famille. Traditionnellement, les Japonais accordent une grande valeur à la continuité familiale et à la transmission du nom de génération en génération.
L'usage du nom de famille marque aussi le respect et la politesse dans les interactions sociales. Même entre collègues ou connaissances, on s'adresse généralement à l'autre en utilisant son nom de famille suivi d'un suffixe honorifique comme "san". Cela permet de maintenir une certaine distance et formalité dans les rapports.
L'histoire des noms de famille au Japon
Le système des noms de famille n'a pas toujours existé au Japon. Pendant longtemps, seule la noblesse et les samouraïs portaient des noms de famille. Le peuple utilisait simplement des prénoms ou était désigné par son lieu d'origine ou sa profession.
C'est à partir de la restauration de Meiji en 1868 que les Japonais furent obligés de se choisir et d'enregistrer officiellement un nom de famille. Cette mesure visait à moderniser le pays sur le modèle occidental. Beaucoup choisirent alors le nom de leur village ou un nom en lien avec leur métier.
Certains optèrent pour des noms de famille déjà existants, portés par des nobles, espérant ainsi gagner en prestige. D'autres créèrent de nouveaux noms en assemblant plusieurs kanji (caractères chinois) à la signification positive. Cette réforme aboutit à une grande diversité de patronymes, avec plus de 100 000 noms de famille différents aujourd'hui au Japon.
La construction et la signification des noms de famille japonais
La grande majorité des noms de famille japonais sont composés de deux kanji. Chaque kanji a un sens propre et leur combinaison forme un nom à la signification souvent poétique ou symbolique, en lien avec la nature, la géographie ou des qualités morales.
Par exemple, le nom Yamada (山田) signifie "montagne" et "rizière", évoquant un paysage rural. Tanaka (田中) se traduit par "au milieu des rizières". Certains comme Takahashi (高橋) ont une consonance plus abstraite : "haut/grand" et "pont".
Contrairement aux prénoms, il est rare que les noms de famille japonais utilisent des kanjis relevant du registre affectif (amour, beauté, gentillesse...). Ils se réfèrent davantage à des éléments concrets et stables reflétant l'identité du groupe familial.
L'écriture japonaise utilisant plusieurs systèmes (kanji, hiragana, katakana), certains noms rares s'écrivent avec l'un des deux syllabaires. La lecture des kanji pouvant être multiple, des noms s'écrivant de façon identique peuvent se prononcer différemment.
Les particularités des noms de famille au Japon
Une des spécificités des noms de famille japonais est qu'ils sont très peu nombreux par rapport à la population. Les 10 noms les plus portés concernent près de 10% des Japonais. Cette concentration s'explique par le choix de noms référant à des lieux très répandus comme Yamada ("montagne-rizière").
Au Japon, les femmes prennent généralement le nom de leur mari à leur mariage. Légalement, les époux doivent avoir le même nom. Il est très rare qu'un homme prenne le nom de son épouse. Dans certains milieux traditionnels, la femme est même désignée par son seul prénom d'épouse.
Autre particularité, les membres de la famille impériale n'ont pas de nom de famille. Depuis l'empereur Jinmu, considéré comme le fondateur mythique de la dynastie, ils sont simplement désignés par leur prénom suivi du titre honorifique. Ainsi, l'actuel empereur est appelé "Sa Majesté l'empereur Naruhito".
Top 10 des noms de famille les plus courants au Japon
- Sato (佐藤) : "assistance et glycine", porté par près de 2 millions de Japonais
- Suzuki (鈴木) : "arbre avec une clochette", environ 1,7 million
- Takahashi (高橋) : "haut pont", environ 1,4 million
- Tanaka (田中) : "au milieu des rizières", environ 1,3 million
- Watanabe (渡辺) : "bord traversé", environ 1,1 million
- Ito (伊藤) : "celui de la glycine de la région d'Ise", environ 1 million
- Yamamoto (山本) : "base de la montagne", environ 1 million
- Nakamura (中村) : "village du milieu", environ 1 million
- Kobayashi (小林) : "petite forêt", environ 1 million
- Saito (斎藤) : "glycine purifiée", environ 1 million
L'usage des pronoms honorifiques avec les noms de famille
Lorsqu'on s'adresse à quelqu'un au Japon, on utilise toujours son nom de famille suivi d'un suffixe honorifique sauf dans un contexte familial ou amical. Le plus courant est "san", équivalent de "monsieur, madame, mademoiselle".
Pour un professeur, un médecin ou un artiste reconnu, on emploiera "sensei" ("maître"). Les élèves et étudiants appelleront leurs aînés "senpai" ("ancien"). Dans un contexte professionnel, on précisera souvent la fonction avec par exemple "kacho" ("chef de section") ou "bucho" ("chef de département").
Utiliser uniquement le nom de famille ou le prénom sans suffixe est considéré comme très impoli sauf entre proches. Même chose pour le tutoiement qui est réservé aux amis et aux enfants. Cette étiquette peut paraître complexe mais elle reflète l'importance de la politesse et du respect des hiérarchies dans la société japonaise.
Le cas particulier de la famille impériale japonaise
La famille impériale est régie par des règles différentes du reste de la population. Depuis l'empereur Jinmu, les membres de la famille impériale ne portent pas de nom de famille. Ils sont désignés par leur prénom suivi du titre honorifique correspondant à leur rang.
Ainsi, l'actuel empereur est appelé "Sa Majesté l'empereur Naruhito". Son épouse est "Sa Majesté l'impératrice Masako". Leur fille unique est connue comme "Son Altesse impériale la princesse Aiko". À la différence d'autres monarchies, les épouses ne prennent pas le titre de leur mari.
Traditionnellement, la succession au trône était patrilinéaire, excluant les femmes. Avec un nombre restreint d'héritiers mâles, la question d'une réforme permettant aux femmes de régner fait débat, l'actuel empereur Naruhito n'ayant pas de fils.
Les princesses perdent leur statut impérial en épousant un roturier. Ce fut le cas récemment de la nièce de l'empereur, la princesse Mako, provoquant une vive émotion au Japon. Ces règles strictes font de la famille impériale un cas à part dans la société japonaise contemporaine.