L'écriture japonaise : kanas, kanjis et calligraphie 日本の書き方
Décryptage de la langue japonaise et de ses différents systèmes d'écriture
L'écriture est ce qui fascine leplus les étrangers dans la langue japonaise. C'est aussi ce qui les en éloigne le plus, car considérée comme trop compliquée. En effet, ses différents systèmes graphiques peuvent déboussoler les néophytes en japonais. Petit tour d'horizon.
L'origine de l'écriture japonaise : le kanji
Le Japon n'a découvert l'écriture qu'avec l'introduction desidéogrammes chinois au Vème siècle sur l'archipel, appelés kanji (漢字). Les sinogrammes étaient au début utilisés parles lettrés pour lire et écrire en chinois. Ça n'est qu'au VIIIème siècle que les premiers écrits en japonais, empruntant les idéogrammes chinois,ont été produits. C'est l'époque du Kojiki et du Nihon Shoki, ouvrages qui ont inspiré les croyances et pratiques du shintoïsme.
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Afin de pouvoir utiliser ces idéogrammes adaptés à la langue chinoise, les Japonais ont assigné deux types de lecture aux kanjis :
La lecture on-yomi qui est la "prononciation sino-japonaise" du caractère.
la lecture kun-yomi qui est la "prononciation japonaise" de l'idée ou du concept véhiculé par le caractère chinois.
Un kanji peut avoir plusieurs lectures on-yomi et plusieurs autres lectures kun-yomi ! Ils sont utilisés pour les noms, les substantifs et le radical des verbes, la terminaison des verbes étant exprimée avec des kanas, les hiraganas.
Les kanas, la deuxième génération de l'écriture japonaise
Les hiraganas et les katakanas sont lesautres systèmes d'écriture japonais. Il s'agit de kanjis qui ont été petit àpetit transformés par l'usage et que l'on voit apparaître dès l'époque Heian (794-1185). Ils sont chacun composés de 46 syllabes, quipeuvent être combinées et qui retranscrivent l'ensemble des phonèmes de lalangue japonaise.
Les hiraganas sont utilisés pour écrire les terminaisons desverbes, les adverbes ou bien les particules grammaticales. Chaque mot peut s'écrire en kanas, puisque ce sont des syllabaires. Par exemple "je" (watashi) s'écrit tout aussi bien en hiraganas わたし qu'avec son kanji 私. Aussi, dans l'usage les Japonais vont écrire en kanas certains mots dont les kanjis sont très compliqués.
Les katakanas sont eux utilisés pour retranscrire des mots étrangers dans la langue nationale.
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Pour illustrer cette division du travail, unephrase-exemple :
Je bois de la bière se dit : 私はビールを飲みます。
- 私(watashi) pronom personnel "je" en kanji
- は (wa) la particule du thème en hiragana
- ビール (biiru) retranscription de l'anglais beer en katakanas
- を (wo) particule du complément d'objet en hiragana
- 飲みます(nomimasu) "boire" dont le radical est écrit en kanji et la terminaison enhiraganas
La méthode japonais d'apprentissage des kanji
Les enfants japonais doivent apprendre exactement 1006 idéogrammes au cours de leurs six années passées à l’école primaire. Ils étudient l’ordre des traits pour les tracer, les différentes manières de les lire et bien sûr, leur signification. Normalement, ils doivent mémoriser 80 kanji lors de leur première année d'école primaire, puis 160 la deuxième année et environ 200 par an, les quatre années suivantes. A la fin du secondaire (qui ne dure 3 ans) les élèves sont censés connaître les 2 229 kanji d’usage commun (il en existerait entre 50 000 dans la langue japonaise, plus en chinois) sur les 3 000 utilisés couramment au Japon. Ces connaissances suffisent pour pouvoir lire le journal. Malgré la difficulté que représente l’apprentissage des sinogrammes, le taux d’illettrisme au Japon ne serait que de 0,1%. Il existe aussi des tests d'aptitude à l’écriture des kanji ouverts à tous : écoliers comme adultes.
Cependant, l’avènement du digital fait redouter le pire : les Japonais perdent l’habitude d’écrire à la main à cause de l’utilisation des ordinateurs et autres Smartphones qui permettent de choisir les kanji corrects en tapant seulement leur prononciation (en hiragana ou même en alphabet). Si cela demande quand même de connaître la signification des idéogrammes proposés par les appareils, les puristes (mais pas seulement eux) craignent qu’à terme les futures générations ne sachent plus écrire !
La calligraphie japonaise, tout un art
Tout comme l’écriture des kanji, la calligraphie fut d’abord pratiquée par les nobles puis par les lettrés et les samouraïs pour enfin atteindre les gens du peuple. De nos jours, les petits Japonais l’apprennent dès l’école primaire. Petits et grands sont nombreux à participer aux différents concours de calligraphie organisés dans tout l'archipel. Au Nouvel An, une coutume ancienne veut que chacun calligraphie un poème, un vœu ou encore ses bonnes résolutions sur une bande de papier blanc. C’est la coutume du Kakizome.
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Mais, plus qu’une forme d’écriture, la calligraphie est considérée comme un art et même un art de vivre dont la pratique permettrait d'atteindre la longévité et la maîtrise du corps et de l'esprit. A travers la "voie de l'écriture" 書道(shodô), les Japonais pensent qu’une personne peut exprimer son monde intérieur en traçant des caractères. On considère même que les idéogrammes tracés au pinceau sont vivants, qu’ils émettent un énergie vitale (ki).
Certaines pièces calligraphiées sont parfois de vraies œuvres d’art avec une valeur marchande. Elles peuvent aussi prendre une forme décorative et il n’est pas rare de voir sur les murs des intérieurs japonais, plus précisément dans Le Tokonoma, des rouleaux comportant une phrase ou un court poème calligraphié.
Où voir des œuvres de calligraphie à Tokyo ?
Le musée de la calligraphie (Shodo Hakubtsukan 台東区立書道博物館)
Ce musée rassemble environ 16 000 œuvres, dont cinq pièces classées trésors artistiques, rassemblées pendant 40 ans par Fusetsu Nakamura, peintre et calligraphe japonais. Outre des calligraphies, on peut aussi admirer des ustensiles d'écriture et des sculptures bouddhiques.
Adresse : 2-10-4 Negishi, Taito-ku, Tokyo
Accès : gare d'Uguisudani Ligne JR Yamanote, ligne Keihin-Tohoku Sortie nord, 5 minutes à pied
Horaires : de 9h30 à 16h30 tous les jours sauf le lundi et le 1er janvier. Si le jour de fermeture tombe un jour férié, le musée est ouvert ce jour-là et ferme le lendemain.
Tarif : 500 yens
Le musée national de Tokyo possède une belle collection de calligraphies.
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