Le Man-Yôshû, premier recueil de poèmes japonais 万葉集
Les origines de la poésie japonaise
Les premiers écrits japonais sont historiquement les deux recueils du Kojiki (712) et du Nihon-Shoki (720), où l'on retrouve les mythes fondateurs de la naissance du Japon ainsi que les origines mythologiques de la lignée impériale. À leur suite, on retrouve le tout premier recueil de poésie japonais : le man'yôshû.
La toute première compilation poétique du Japon
Man'yôshu signifie "collection des dix mille feuilles". Il s'agit d'une compilation réalisée par le poète Ôtomo no Yakamochi, un poète du clan Ôtomo, clan aristocratique extrêmement influent à la cour jusqu' à la réforme de Taika en 645.
Appartenant à la liste des 36 grands poètes de l'époque Heian (794 - 1185), il aurait ainsi produit dans les environs de l'an 760 une anthologie de poèmes japonais dits waka. On compte au total 4516 poèmes, écrits entre le IV ème et le VIII ème siècle (et qui tiennent dans 20 volumes), qui se divisent en plusieurs types de poèmes :
4207 tanka, ou poèmes courts de 31 syllabes
265 chôka, ou poèmes longs
62 poèmes dits sedôka, littéralement "poésie qui remonte à la tête"
4 kanshi, soit les poèmes chinois
1 tanrenga (court poème de transition)
1 poème bouddhiste bussokusekika
et finalement 22 morceaux de prose en chinois
Les thèmes traités dans les poèmes sont très larges, allant de la nature, les voyages aux relations sentimentales, en passant par la chronique de certains faits historiques.
Il est à noter qu'à cette époque, le Japon est extrêmement influencé par la Chine des Tang qui est alors une immense puissance dont la culture prestigieuse est absorbée par les élites de l'archipel. Il est alors assez peu étonnant de retrouver des inspirations taoïstes et confucéennes ainsi que, plus tard, des accents bouddhistes dans les différents morceau d'art compilés.
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Le Man'yôgana
Les poèmes du Man'yôshu sont écrit en man'yôgana, une écriture hybride japonaise qui utilise directement les idéogrammes chinois non pour leur sens mais pour leur phonétique. Ils sont à la base des kana, soit les hiragana et les katakana.
En effet les hiragana sont des kanji homophones écrits en cursif, et qui au fil sont des siècles vont prendre leur propre forme par altération, alors que les katakana sont des déformations des kanji utilisés par les étudiants bouddhistes afin de noter la prononciation des idéogrammes chinois, comme le pinyin actuel. On peut ainsi considérer le Man'yôshû comme l'un des précurseurs d'une écriture japonaise autonome du chinois.