L'ère Taishô (1912-1926) 大正時代
La deuxième modernisation du Japon
L'ère Taishô est moins connue en Occident que les deux ères qui l’ensèrent, l'ère de l'ouverture au monde Meiji et l'ère du militarisme et de la reconstruction d'après-guerre Shôwa. Elle a pourtant représenté la première tentative de démocratisation du Japon.
Le Japon en dehors de la guerre
L'ère Taishô (1912 - 1926), mot ayant une signification pouvant se traduire comme "grande justice", débute avec l’avènement de l'empereur Yoshihito, le fils de l'empereur Meiji, à peine deux ans avant la première guerre mondiale, guerre dont le Japon ne fut qu'un acteur marginal.
Cette position lui permit de ne subir que de très faibles pertes, pendant que son économie, débitrice envers les puissances occidentales durant les premières décennies de la modernisation Meiji, devint créancière, et bénéficia des commandes des alliés en équipements pour se diversifier.
À la fin de la guerre, le Japon était une des 5 grandes puissances à obtenir un siège permanent au Conseil de la Société des Nations.
Le pays voit l'accroissement de son influence sur la Mandchourie et la Mongolie reconnue, alors que les possessions allemandes dans le Pacifique et les droits sur le Shandong lui sont transférés.
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Une tentative de démocratisation
Ce nouveau rôle éminent obtenu par le Japon pendant l'ère Taishô se double d'un changement dans la forme du pouvoir.
En effet l'empereur, qui a subi durant sa jeunesse une méningite dont il garda les séquelles, se révéla inapte à occuper les fonctions d'un chef d'état.
De fait, les grands conseillers de l'Empereur qui avaient jusque là mené la barque (les genrô, ou "doyens") perdent une partie de leur pouvoir au profit de la Diète impériale, où conservateurs et libéraux s'affrontent sous fond de tension économique.
Les partis de gauche et la société civile sont aussi beaucoup plus actifs, avec une peur du communisme qui se répand de plus en plus chez les élites. La "démocratie Taishô" atteint son sommet avec l'adoption en 1925 par le gouvernement de Katô Takaaki d'une loi instaurant le suffrage universel masculin pour les plus de 15 ans.
Une culture encore plus occidentalisée
La culture japonaise continue durant l'ère Taishô à puiser dans le vivier encore très neuf pour elle de la production occidentale.
C'est l'époque de Ryûnosuke Akutagawa, romancier majeur de l'époque qui donnera son nom au prix littéraire le plus important du Japon, qui était diplômé de Todai en littérature anglaise et était fortement influencé par les auteurs français.
Junichiro Tanizaki, très marqué par Allan Edgar Poe, Baudelaire ou Sade est une autre de ces figures de l'ère Taishô.
L'ukiyo-e connaît une nouvelle vie avec le Shin Hanga, influencé par l'impressionnisme, et qui intègre des traits occidentaux dans ses productions telle que l'expression personnelle ou le jeu de lumière.
Le Sôsaku Hanga pousse l'influence occidentale encore plus loin avec des figures que l'on différencie difficilement de celles des arts occidentaux.